[8e Festival Berlioz (1987)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT2277B 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historique Le huitième Festival Berlioz a commencé dans la tradition, avec l'habituel concert d'ouverture donné sur l'esplanade Charles-de-Gaulle. Un concert ouvert à tous, qui permet chaque fois à la musique d'Hector de descendre dans la rue... ce que n'aurait pas renié le compositeur de la très plébéienne "Symphonie funèbre et triomphale", composée en 1840, justement pour un défilé commémorant les Trois Glorieuses de juillet 1830, et immanquablement jouée en prologue des manifestations berlioziennes lyonnaises. Jeunes musiciens des écoles de musiques locales, masse chorale compacte et impressionnante, édiles regroupés derrière le sénateur-maire de Lyon, journalistes arrivés des quatre coins de l'hexagone, soleil éclatant... tout y était, nonobstant un public peut-être moins nombreux que certaines années. Côté orchestre, l'organisation de cette manifestation était confiée en 1987 à l'ARDIM, Association régionale de diffusion et d'initiation musicales, avec stage d'orchestre fin août à la Côte-Saint-André, rassemblant cent dix élèves des différents établissements d'enseignement musical de Rhône-Alpes. Côté choeurs elle rassemblait quelque quatre cents chanteurs puisés dans le banc et l'arrière banc des chorales régionales. Le tout sous la direction de Marc Tardue, chef de l'Ensemble instrumental de Grenoble. Ce Berlioz dans la rue commençait par un bref avant-goût des "Troyens" de l'après-midi avec l'hymne "Gloire à Didon" dans une exécution malheureusement aussi lourde qu'un troupeau d'éléphants de Numidie. Les choses s'arrangeaient, côté direction, avec la "Symphonie funèbre et triomphale" (soliste Magali Schwartz), avant les pompes et les oeuvres d'une Marseillaise façon Berlioz pour laquelle les officiels, devenus érudits avec le temps, ne se lèvent plus. En fait, le moment le plus intéressant de ce concert résidait sans doute en la découverte d'une oeuvre de jeunesse complètement oubliée, le "Resurrexit", un fragment de messe fringant et généreux où l'amateur peut déceler quatre thèmes, plus tard repris dans de grandes partitions postérieures : un dans le "Te Deum", le début du "Tuba Mirum" dans le "Requiem", enfin deux passages de "Benvenuto Cellini". Pour l'ensemble, malgré une sonorisation ultra présente, les choeurs comme l'orchestre valaient plus par la quantité que par la qualité. Instruments rangés, chaises pliées, le soir venu, l'esplanade s'adonnait ensuite à des nourritures beaucoup plus terrestres sous un grand vélum ne manquant pas d'allure. Pendant la deux grands entractes séparant les très longs actes des "Troyens" le traiteur Philippe Michel restauraient quelques huit cents spectateurs désireux de reprendre des forces avant d'affronter les rebondissements successifs dans la marche d'Enée et de ses compagnons, des ruines fumantes de Troie vers les plaines verdoyantes de la lointaine Italie. Le nombre des élus s'était sensiblement accru depuis le matin, autour du sénateur-maire, toujours fidèle (et visiblement fort satisfait), du ministre Michel Noir (qui se souvenait avoir chanté dans le choeur des "Troyens"... il y a quelques années) et de Monsieur Boyon, directeur de cabinet du ministre de la Culture. Repas froid mais ambiance chaude, au propre comme au figuré et point trop de retard pour faire tenir les deux partie du repas dans le temps imparti aux deux entractes. Avec en point d'orgue un gigantesque Cheval de Troie en chocolat et nougatine, dont tout le monde se partagea les dépouilles. Mission (alimentaire) accomplie. Décidément, sur l'esplanade Charles de Gaulle les nourritures terrestres furent mieux servies que les nourritures musicales. Source : "Ambiance chaude, repas froid, service musical non compris" / G.C. [Gérard Corneloup] in Lyon Figaro, 21 septembre 1987, p.54.

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