[Opération d'urbanisme Charpennes-Tonkin (Cap 2000)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP09847 004
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historique Héritage de l'époque Hernu et d'un urbanisme qui ne faisait pas dans la dentelle, le projet "tour des Charpennes" ressurgit dans le décor et rien n'a pu le contrecarrer. L'opposition des riverains n'aura servi qu'à alourdir la facture du promoteur et à alléger le profil d'un édifice qui, du haut de ses 50 mètres, dominera Villeurbanne. "Si le permis de construire était déposé aujourd'hui, il ne serait pas accepté". Adjointe à l'urbanisme sous l'ère Chabroux, Elisabeth Beudot ne cache pas qu'à Villeurbanne comme ailleurs, les conceptions de l'urbanisme ont évolué au cours des dix dernières années et que les programmes immobiliers légués par Charles Hernu ont dû sérieusement en rabattre. L'époque n'est plus au geste architectural pour la beauté de la démonstration et barder les frontières communales d'immeubles signalant à tout visiteur son entrée en terres villeurbannaises, ne fait plus partie des fantasmes des voisins de Lyon. Depuis ces temps triomphants, bien des projets ont été rangés au rayon des utopies "nous souhaitons maintenant faire une pause, non pas dans la construction, mais en terme de densité". La philosophie est claire, les nouvelles prescriptions trouvent leur application directe dans le dernier plan d'occupation des sols (POS) qui favorise l'émergence des maisons de ville, mais la règle comme de juste connaît une exception ! De taille l'exception : 17 étages, 50 mètres de haut et impossible à éliminer du décor pour cause d'antériorité. Le permis de construire de la tour des Charpennes est en béton, déposé dans les temps et dans les formes qui prévalaient encore en 1990. Imparable. Avec ses logements étudiants et ses appartements, elle a toujours fait partie de la Zone d'aménagement concerté du lieu et de la dernière tranche de l'opération "Cap 2000". Simplement, en raison d'une conjoncture défavorable, elle s'était assoupie, la tour des Charpennes. Tout les alentours ont été édifiés, l'hôtel a pris forme, les commerces et bureaux aussi et les riverains de la - finalement très bien nommée - place Charles Hernu, l'avaient effacée de leurs perspectives. Ils s'en trouvaient, semble-t-il, fort bien. De la monumentalité en moins, une intimité de quartier en prime jusqu'à ce que le promoteur, Deguilhem, soucieux de rentabiliser la totalité de ses engagements et concrétisant enfin des opportunités commerciales, ne relance sa tour, en grand et vite. Premiers à tomber de haut, ou du moins à juger que la tour de retour leur faisait de l'ombrage, les Hospices civils de Lyon, en l'occurrence l'hôpital des Charpennes voisin, qui engagent une procédure de recours, puis l'abandonnent une fois les problèmes de luminosité et de nuisances réglés à l'amiable, moyennant finances, pose de volets sur l'hôpital au frais du promoteur et autres aménagements. En seconde ligne, ce sont les riverains de Charpennes-Tonkin, assemblés au sein d'un ancien et pugnace comité de quartier, qui partent à l'assaut de la tour et font un détour par le bureau de la nouvelle ministre de l'Environnement, madame Voynet, à qui ils détaillent tout le mal qu'ils pensent du projet. De Paris, leurs arguments redescendent en préfecture du Rhône et dès lors, aux côtés d'une municipalité villeurbannaise qui se passerait bien de la tour mais qui n'est nullement prête à dédommager le promoteur en déboursant vingt millions de francs pour qu'il abandonne ses droits sur le terrain, des négociations s'engagent pour affiner le profil de la construction, lui donner des transparences à la base, créer des espaces verts. Dans le même temps, les fins limiers de la préfecture, à l'occasion d'une modification de programme demandée par le promoteur qui souhaite installer plus de logements étudiants et moins d'appartements, découvrent une faille et stoppent le chantier en juillet 1997 : il manquerait 82 places de stationnement par rapport aux règles en vigueur dans le périmètre. Ce qui, à dire vrai, pourrait se discuter, mais, grand prince et pressé, Deguilhem Promotion ne barguine pas, s'engage à verser à la Communauté urbaine les 5 millions de francs de compensation qui lui sont réclamés pour les parkings supposés manquants et, sous réserve que le dossier soit expurgé de tout recours, obtient le droit de relancer le chantier. Attaquée une année durant, la tour a tenu bon. En février 1998, les dernières pièces du dossier font des allers retours entre Villeurbanne et la préfecture, la totalité des signatures semble acquise et c'est en avril que les travaux devraient redémarrer pour une tour "light"; une tour qui a fait une cure minceur à défaut d'un régime hauteur, une tour "acceptable" dit l'adjointe à l'urbanisme, une tour malgré tout. Source : "Une tour, malgré tout" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 19 février 1998, p.1.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 20 négatifs.

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