[René Gagès, architecte]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP08381 002
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
description Reportage photographique réalisé place Carnot, devant le centre d'échanges de Perrache.
historique Louis Pradel l'a voulu, Francisque Collomb l'a supporté, Michel Noir a fait mine de vouloir s'en débarrasser. Raymond Barre décide de le raser. Les jours du centre d'échanges de Perrache seraient comptés puisque les déclarations du maire de Lyon sont sans ambiguïté : "Je souhaite, a-t-il dit en ce mois de mai 1996, que nous obtenions de l'Etat un engagement ferme pour la réalisation du grand contournement ouest de Lyon qui permettra au début du XXIe siècle de déclasser l'autoroute dans la Presqu'île et de raser le centre d'échanges de Perrache". A défaut de s'inscrire dans le plan de mandat, le voeu de Raymond Barre n'en pose pas moins le principe d'un calendrier et lie dans une logique de cause à effet, la fin de la jonction A6/A7 au coeur de la ville à la destruction du parallélépipède à tout faire posé devant la gare de Perrache. Plus d'autoroute et, abracadabra, repoussent les tilleuls du cours de Verdun. Magique et franchement stupide, ne dit pas mais pense très fort l'architecte René Gagès, celui qui a construit la boîte d'asphalte et de béton. De verre et de poutrelles aussi. "Vous voulez démolir et bien allons-y, je commence par quoi, par le haut ?" Tant qu'à faire, autant que ce soit l'imbricateur des volumes qui procède lui-même à l'exercice. Avant d'entamer le jeu de Lego à rebours, René Gagès précise qu'avoir signé le centre d'échanges de Perrache n'a nullement fait naître en lui un sentiment de propriétaire : "Les villes sont faites pour évoluer. les bâtiments peuvent disparaître, je ne fais pas de cette affaire une bataille personnelle, mais je suis très étonné. Il faut ignorer ce qu'a été cet endroit avant que soit rationalisée sa fonction de pôle multimodal pour oser ressusciter des images de mail-promenade avec jeux de boules, vogues et cirques ambulants. Le cours de Verdun était depuis longtemps transformé en station de bus, gare de cars, avec files de taxis, parkings sauvages au milieu d'un flot de voitures. C'était cela et pour clore le paysage, comme une césure entre deux quartiers, le môle de la gare". Autrement dit, un semblant d'apocalypse, rien de moins. L'arrivée du tunnel de Fourvière côté Saône et celle du métro place Carnot, n'auraient fait qu'embrouiller les fils de la pelote avant de permettre une régulation des trafics. Telle est la vision de l'architecte qui raconte tout d'abord comment il a été missionné par la Direction départementale de l'équipement pour, en compagnie de Charles Delfante, réfléchir au problème, comment il a ensuite proposé ses solutions alors que tous les diagnostics de circulation prouvaient que le transit tel qu'il promettait de débarouler vers et du tunnel de Fourvière était ingérable. Entre 1968 et 1976, dates du début des études et de la livraison du centre d'échanges, n'a donc cessé d'être évoqué le contournement ouest, voire un deuxième tube sous Fourvière débouchant au sud de Perrache... On attend toujours. Quoi qu'il en soit et outre la mise en caisse de la jonction A6/A7, le centre d'échanges est conçu pour des connexions lyonno-lyonnaises de desserte de la ville, d'approche de la gare, de liaisons voiture-bus, métro-cars, etc. Et, deux années durant, les études avancent, circulent entre DDE, SNCF et Semaly sans que personne ose frapper à la porte du maire de Lyon pour lui dire que se faire offrir une autoroute par l'Etat, lui faire traverser la Presqu'île et couper la ville en deux, impliquait quelques infrastructures. Ce qu'on appelle aujourd'hui le déficit de communication du centre d'échanges, trouve là ses origines, la construction démarre sans information aucune des populations et la projection en grande pompe au Pathé Palace d'un film de 40 minutes sur le sujet sera postérieure à l'inauguration. "Les Lyonnais l'ont vu pousser sans savoir à quoi cela servait et croient encore son édification liée au transit autoroutier". Cela dit, le concepteur de "la machine à circuler" reconnaît que sans le passage autoroutier, son usine n'aurait eu ni la même forme, ni des volumes aussi conséquents [...] Source : "Circulez, y'a rien à détruire" / Sophie loch in Lyon Figaro, 22 mai 1996, p.1-2.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 22 négatifs.
note bibliographique René Gagès : La permanence de la modernité / Philippe Dufieux, 2017 [BM Lyon, 6900 E2.5 GAG].

Retour