[Paul Bocuse et sa brigade]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP04945 001
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
description De gauche à droite : Paul Bocuse, Roger Jaloux (MOF, 1976) et Christian Bouvarel (MOF, 1994).
historique Paul Bocuse a senti le ketchup lui monter au nez lorsqu'il a découvert l'utilisation que les restaurants Mac Donald's des Pays-Bas faisaient de son image et de celle de quatre de ses confrères. Et, s'il a un sens de l'humour très poussé, notre chef n'a que très moyennement apprécié de voir son image ainsi détournée. Cette affaire, qui va faire grand bruit, a donc pour cadre les Mac Do hollandais. Durant le sommet de Maastricht, plusieurs amis de Bocuse, présents sur place, ont ainsi été surpris de voir notre homme qui se trouvait sur un poster affiché dans la vitrine du Mac Do local. Paul Bocuse figurait sur la gauche de cette affiche de 50 cm par 80. Roger Jaloux, son chef, Meilleur ouvrier de France, se tenait à ses côtés en compagnie de Christian Bouvarel, un de ses autres chefs de Collonges, d'Alain Thomas, cuisinier luxembourgeois réputé, et de Bill Gallagher, professionnel sud africain de renom. Paul Bocuse a donc été alerté et l'on imagine sa colère lorsqu'il constata, en outre, la présence d'une "bulle" à la manière des bandes dessinées faisant dire à Roger Jaloux, tourné vers son patron : "Big Mac, Big Mac, Big Mac !" le tout avec, en bas du poster incriminé, le logo et le nom de Mac Donald's ! Paul Bocuse a donc décidé de ne pas rester sans réagir en confiant ses intérêts à André et Jean-Luc Soulier, avocats lyonnais les plus connus au niveau international et en particulier aux Etats-Unis. Les quatre autres chefs ont fait de même et, dans un communiqué transmis le 7 février 1992 à l'ensemble des agences de presse mondiales, Paul Bocuse s'interroge : "Cette photographie suggère que mon propre collaborateur n'a, en me regardant, qu'une seule pensée en tête : le sandwich Big Mac. Cette confusion à des fins mercantiles, entre l'art que nous pratiquons et le fast food, nous a profondément heurtés et nous cause un grand dommage. Aussi avons-nous décidé de demander à André et Jean-Luc Soulier d'engager les discussions nécessaires avec le président de Mac Donald's aux Etats-Unis et avec Mac Donald's en Hollande afin d'obtenir, d'une part des excuses publiques, et d'autre part la réparation de notre préjudice. Nos avocats ont reçu instruction d'agir en justice s'il le faut.". Interrogé à l'Ecole des arts culinaires d'Ecully, où il donnait ses cours, Paul Bocuse ajoutait en outre : "J'ai déposé mon image et mon nom dans le monde entier car je possède des restaurants à Orlando, Melbourne et Tokyo, mais aussi parce que j'exporte du vin et différents produits culinaires. Si Mac Donald's utilise mon image pour vendre des Big Mac je ne suis forcément pas d'accord, Et, même s'il m'avait demandé mon autorisation, j'aurais refusé car on ne court pas dans la même catégorie. Une 2 cv est une bonne voiture. Mais une Ferrari l'est aussi, Et je n'ai pas à soutenir Mac Donald's !" L'affaire pourrait bien ne pas en rester là. André et Jean-Luc Soulier ont en effet écrit une lettre de mise en demeure à Edward Rensi, président de Mac Donald's, dont le siège se trouve à Oak Brook, dans l'Illinois. Copie a été transmise au directeur général de son groupe aux Pays-Bas. Cette missive demande que tous les posters encore présents dans les restaurants soient retirés immédiatement dans un délai de huit jours à partir de la date d'envoi, c'est-à-dire du 6 février, et que des excuses écrites soient placées dans l'ensemble des vitrines en question. Des dommages et intérêts sont par ailleurs exigés, Paul Bocuse entendant les verser à l'Ecole des arts culinaires. Et, si l'affaire vient devant un tribunal, on peut estimer qu'elle fera grand bruit, le coq français n'ayant pas l'intention de se faire avaler tout rond par un hamburger présomptueux. Source : "Bocuse de paye Mac Donald's" / Christian Dybich in Lyon Figaro, 8 février 1992, p.1 et 3.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 26 négatifs.
note bibliographique "Les cinq toques de McDonald's Hollande" / Christine Morandi in Le Progrès de Lyon, 8 février 1992. - "Du rififi dans le hamburger" / Pierre Grison in Lyon Matin, 10 février 1992.

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