Viaduc de la Mulatière sur la Saône

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0900 010 00021
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 13 x 18 cm (épr.)
historique Si Paris a trente ponts en 1939, Lyon en a vingt-huit. Toutes proportions gardées, le rôle des ponts est donc encore plus important dans la vie lyonnaise que dans la vie parisienne et cette prééminence résulte non pas seulement de la différence des populations, mais de la répartition géographique des activités qui, à Lyon, se trouvent presque exclusivement concentrées entre Rhône et Saône. Or, au lendemain de la libération, si Paris a pu retrouver tous ses ponts, Lyon n'en a retrouvé que deux ; encore parmi ceux-ci comptait-on une légère passerelle pour piétons, la passerelle Saint-Vincent, et ces deux ouvrages, de surcroît, enjambaient-ils la Saône et non le Rhône. Les deux fractions les plus peuplées de la ville étaient donc séparées par le fleuve le plus large. Que l'on veuille bien se représenter cette situation pour une agglomération de plus de 800.000 âmes, et l'on saisira l'ampleur du problème qui s'est posé aux services des Ponts et Chaussées au matin du 3 septembre 1944. Les ponts coupés, c'était non seulement la rupture des communications pour les piétons comme pour les voitures, les chemins de fer et les tramways, mais c'était encore la rupture des innombrables canalisations d'eau, de gaz, d'électricité, la coupure des lignes téléphoniques qui empruntaient leur plateforme. Dans les premières heures de la matinée du dimanche 3 septembre 1944, un passage de fortune put être édifié sur l'un des arcs du pont Wilson qui n'avait été qu'endommagé, malgré quatre tentatives de destruction ; quelques Jeep purent ainsi passer d'une rive à l'autre. Le lendemain, un "Baily bridge" de 30 mètres de longueur pouvait être lancé en 24 heures par le Génie américain sur l'arche effondrée du vieux pont de la Guillotière et permettait le passage des véhicules de 30 tonnes suivant un sens unique. Le 12 septembre, un trafic routier était établi provisoirement sur le viaduc de Perrache pour tous véhicules. Le 16, une passerelle pour piétons de 4 mètres de largeur était établie sur le pont Wilson au-dessus de la passerelle de fortune édifiée le 3 septembre. Le 23 du mois, un deuxième "Baily bridge" était mis en place sur le pont de la Guillotière permettant dès lors le passage des véhicules de 30 tonnes, dans les deux sens. Le 24 septembre, une passerelle pour piétons de 2 mètres de largeur était lancée sur l'arc central détruit du pont Lafayette ; elle devait être doublée par une deuxième passerelle semblable le 3 octobre. Le 7 octobre, des rampes d'accès au viaduc de Perrache permettaient aux piétons de traverser le Rhône. Le 8 octobre, une passerelle était lancée sur l'arc effondré du pont de l'Université et permettait le passage des véhicules de 10 tonnes dans les deux sens. Le 9 octobre, le pont de Serin était remis en service pour les voitures et les tramways. Le 10 octobre, une rampe d'accès au viaduc de la Quarantaine permettait le passage des piétons au-dessus de la Saône. Le 15 octobre, une passerelle pour piétons de 4 mètres de largeur était établie au pont Morand. Le 1er novembre, la passerelle suspendue Saint-Georges était rétablie. Le 26 novembre, l'arche effondrée du pont de la Guillotière était complètement remise en état, et le pont suspendu de Vaïsse - sur l'emplacement approximatif de l'actuel pont de Lattre-de-Tassigny (détruit en 1952) - à nouveau ouvert à la circulation. Le 3 décembre, le pont du Change, après remise en état de ses deux voûtes, était rétabli pour voitures toutes charges et tramways. Le 13 décembre, une passerelle provisoire était jetée sur la brèche du pont de la Mulatière permettant le passage des voitures légères dans les deux sens. La reconstruction du pont du Palais et la construction d'un pont provisoire pour tramways, voitures et piétons à 50 mètres en amont du pont Morand retardés par les crues exceptionnelles de novembre et de décembre, furent achevés avant la fin du mois de janvier 1945. En outre, le pont de Givors et le pont de Condrieu ont été livrés à la circulation le 26 novembre 1944. En cinq jours la vie était donc rendue à la cité grâce à 5 passerelles pour piétons et un pont provisoire doublant celui de la Guillotière. Et en cinq mois, les circulations essentielles étaient rétablies : d'une part, le grand itinéraire d'armée Côte-d'Azur - Alsace assuré par le rétablissement en dur des deux ponts de pierre sur le Rhône et la Saône (Guillotière et Change), et d'autre part, le franchissement civil du Rhône assuré par un grand pont provisoire en amont du pont Morand réservé à la circulation routière urbaine et aux tramways.
note à l'exemplaire Cette photographie, prise entre le 25 novembre et le 1er décembre 1944, fait partie d'une série de 38 tirages anonymes concernant la reconstruction des ponts de Lyon. Ils sont tous numérotés ("fig.1" à "fig.38") et légendés au verso. La première photographie de la série comporte en outre le timbre humide du S.R.I.J. de Lyon, avec l'inscription : "Service régional de police de sureté / identité judiciaire de Lyon".
note bibliographique La Reconstruction des ponts de Lyon / André Mook-Aray [pseud. d'André Mogaray, ingénieur des Ponts-et-Chaussées], 1946 [non conservé]. - La reconstruction des ponts de Lyon après les jours tragiques de septembre 1944 / Association des anciens élèves de l'Ecole centrale lyonnaise, 1945 [BM Lyon, 6900 E1.5 PON].

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