[L'Ateyer de Guignol]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0912 FIGRPT2032 05
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
description Gilbert Pavaly sculptant une marionnette. Adresse de prise de vue : L'Ateyer de Guignol (Geneviève et Gilbert Pavaly, gérants), place du Change, Lyon 5e.
historique S'il est certain que la marionnette, et plus particulièrement Guignol, sont parmi les fleurons de la culture française à l'étranger, il est moins évident de voir en France et sur la place de Lyon cette réputation exploitée à sa juste valeur. Le Guignol en bois des débuts s'est vu remplacé par des ersatz en celluloïd "made in Taïwan". A Lyon, seuls quelques passionnés vivent pour et par la marionnette. Dans es années 1970, Geneviève et Gilbert Pavaly faisaient de la peinture à l'huile et des poupées d'art. Comme beaucoup de jeunes talents, ils essayaient de vendre leur art sur le marché de la création à Saint-Jean. C'est lors d'un de ces marchés qu'ils rencontrèrent un homme qui allait faire naître leur vocation : Jean-Guy Mourguet, le digne héritier de Laurent Mourguet et responsable du Guignol de Lyon. Alors commença pour eux le parcours du combattant de tout artiste. Avignon, Saint-Tropez, Paris... D'expositions en salons, les débuts sont difficiles. "Nous n'avions pas de problèmes d'argent... nous n'en avions pas." Ensuite, Geneviève et Gilbert Pavaly se sont installés dans un petit atelier rue Saint-Georges. Pour disposer d'un meilleur emplacement et de plus de place, ils sont maintenant place du Change, à Saint-Jean. L'Atelier de guignol est un endroit attirant et envoûtant. De l'extérieur, déjà, les marionnettes vous dévisagent et sitôt la porte franchie, l'atmosphère devient étrange. Etrange comme lorsque, dans une pièce vide, on se sent observé. Depuis dix ans, Geneviève et Gilbert fabriquent des marionnettes. "Il y a des gens qui nous les achètent pour les exposer, pour des collections. Notre désir est de les voir vivre, bouger." Pour cette raison, ils travaillent de préférence pour des marionnettistes professionnels et leur passion va si loin qu'ils refusent parfois de se faire payer pourvu que la marionnette "vive". Le mot passion est même faible pour qualifier le rapport qui existe entre eux et la marionnette. "Quand on fait des marionnettes, il faut s'insérer dans une histoire, surtout ne pas la renier. Guignol ? Il n'y a rien de plus actuel. Pour nous, c'est un art complet, nous sommes passionnés et ne vivons que par et pour la marionnette." En France, ils ne sont que deux à fabriquer des marionnettes en bois et le monde n'en compte pas plus de dix. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la marionnette a connu une grande époque. Depuis, elle est devenue un jouet, galvaudant sa vocation de spectacle. "Il y a beaucoup d'amateurs qui font du tort à la marionnette. Aujourd'hui, on appelle n'importe quoi marionnette." Chaque personnage est sculpté à la main et ce pour les différentes familles : la marionnette à gaine (on glisse la main à l'intérieur), celle à fils (que l'on utilise avec une croix appelée également "ensecret"), ou encore celle à tringle. "La marionnette est un monde à part ; pour en fabriquer une, il faut connaître le rôle qu'elle aura à jouer, se mettre dans la peau du personnage et enfin la sculpter." De là, certainement, vient le sentiment d'être observé ; l'artiste laisse en chaque création une part de lui-même. Pour eux, le travail ne manque pas car, hormis les commandes à honorer, ils se consacrent entièrement à la recherche, écrivant des pièces pour Guignol ou créant de nouveaux personnages. Ainsi est née une pièce unique au monde : une marionnette à trois têtes. Pour tout mener de front, et en privilégiant la recherche artistique, le temps manque vite. "Nous voulions prendre un apprenti, le former, lui apprendre le métier et même l'aider à s'installer par la suite. C'est plein de fierté que nous sommes allés voir l'administration compétente, et là, déception. Nous ne sommes pas reconnus comme métier, nous sommes classés sous la rubrique "divers et non classifiables" entre prostituée et le curé. Nous faisons les trois huits à deux... ce n'est pas évident." Le courage est inépuisable lorsqu'il provient de la passion. "Même si la marionnette ne fait pas bien vivre, ça vaut le coup de se battre pour elle. Geneviève et Gilbert Pavaly sont pas intéressés par l'argent mais uniquement par l'art et la marionnette. Le monde dans lequel ils vivent est peuplé de pantins de bois enfantés par leur amour. Pinocchio quand tu nous tiens... Source : "Mario très très nettes" / Roland Coutas in Lyon Figaro, 13 février 1987, p.40.
historique Originaire de Lyon, la patrie de Guignol, Gilbert Pavaly était connu dans le monde entier comme un restaurateur hors pair de marionnettes anciennes. Fidèle au festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières, le couple Pavaly quittait Lyon au début des années pour s'installer en Beujolais puis dasn l'Allier à partir de 2010. Gilbert Pavaly décède le 21 décembre 2012 à Huriel (Allier).
note bibliographique [Nécrologie], Le Progrès de Lyon, 28 décembre 2012.

Retour