[Roger Roucou au restaurant "La Mère Guy"]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP2734 04
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description Roger Roucou (au centre), patron du restaurant "La Mère Guy", entouré des chefs Christian Bourillot (à gauche) et Gérard Nandron (à droite). Adresse : La Mère Guy, 35, quai Jean-Jacques-Rousseau, 69350 La Mulatière.
historique Ce serait vraiment bien pour papa ! lance Jacqueline Pignol avec le naturel qui la caractérise, tandis que, une fois n'est pas coutume, Edouard, le maître d'hôtel, renchérit sur le sujet en osant se mêler de la conversation, et tout en continuant à dresser la table. Menu du jour : l'élection à Lyon du président des Maîtres Cuisiniers de France. Une véritable présidentielle pour Roger Roucou, le patron du restaurant "La Mère Guy" situé sur la rive droite de la Saône, tout près du confluent de La Mulatière. Un haut-lieu de la gastronomie lyonnaise depuis 1759, un bail ! Tant la fille que l'employé et bien d'autres espèrent secrètement que la carrière de Roger Roucou sera couronnée par ce titre et cette fonction jamais attribuée à un Lyonnais. Jusque-là, le poste avait été occupé par des Parisiens, le seul provincial élu étant le président en titre Paul-Louis Meissonnier, un Nîmois. Aucun Lyonnais, un comble pour la capitale de la gastronomie. Mais, les uns comme les autres n'en feront pas un plat, si le vote du comité directeur de l'association en décidait autrement. L'intéressé lui-même reste prudent : "un vote, on ne sait jamais ce qui peut se passer." Mais, il a bon espoir, très grand espoir et il a raison. A 66 ans, Roger Roucou, disciple d'Escoffier originaire du Tarn, apparaît plus jeune que jamais... Et sage à la fois. Lui qui se destinait à l'aéronavale a troqué la casquette contre une toque blanche. En 1939, il débute dans la restauration à Lyon, et le 26 mai 1944, jour du bombardement de la ville, il prend la suite des frères Foillard. A l'image, de tous ceux qui ont succédé à la Mère Guy, il est là depuis plus de 40 ans et perpétue une tradition de courtoisie et d'accueil. Depuis il est devenu le président des Toques blanches lyonnaises et de la région, et "manipulé par ses collègues parisiens" il brigue le plus haut poste de l'association créée en 1949 par Claudius Richard et Jean Nougarède. Une manipulation qui n'est pas pour déplaire à Roger Roucou qui a déjà son programme. En effet, Roger Roucou qui devrait selon toute vraisemblance être élu le 1er mars 1988 par ses pairs à l'hôtel Métropole sera le 6e président. Un président qui aura à charge de préparer 1992... "l'Europe de la cuisine". Une des actions à laquelle Roger Roucou tient beaucoup. "Mais, souligne-t-il, avant tout je vais m'attacher à refaire l'union au sein de l'association, à faire en sorte que celle-ci soit bénéfique à ce qui constitue l'élite de la gastronomie. D'autre part, il va falloir repenser notre guide des Maîtres Cuisiniers de France, un guide sans étoile, sans toque, sans copinage, qui se devra d'éviter les injustices et d'éliminer ceux qui n'agissent pas en véritables professionnels". Un programme que celui qui aura pour tâche de défendre la profession de cuisinier et l'art culinaire en France et en Europe présentera aux deux-cent-cinquante autres cuisiniers de l'association... Si les dix-huit membres du comité directeur lui font confiance. Le 26 février 1988, à Paris, sur deux-cents votants, ils ont été cent-quatre-vingt-un à dire "oui" au Lyonnais Roger Roucou pour qu'il fasse partie de ce comité directeur. De plus, le restaurateur des bords de Saône bénéficie du soutien de Paul Bocuse, et il n'est pas du tout sûr que Paul-Louis Meissonnier se présentera. Seul candidat possible, Gérard Cagna du "Relais Sainte-Jeanne" dans le Val-d'Oise. Mais, en réalité Roger Roucou ne craint personne. Sans faire campagne lui-même, il bénéficie de nombreux soutiens. Quant à son action et son travail en faveur des Maîtres cuisiniers de France, il n'a pas attendu d'être président pour l'entamer. Après trois entretien avec François Léotard, le ministre de la Culture a adressé un courrier à l'association reconnaissant officiellement la profession de cuisinier comme faisant partie intégrante de la culture française. Aussi on ne serait pas surpris si en ce 1er mars 1988, Bernard Coussau, le doyen des vice-présidents des Maîtres cuisiniers de France, remettait à Roger Roucou la fameuse chaine symbolisant un titre bien loin d'être seulement honorifique. Source : "Election en cuisine" / Daniel Arisi in Lyon Figaro, 1er mars 1988, p.36.
note bibliographique "La cuisine lyonnaise en deuil avec la mort de Roger Roucou, de la mère Guy" in Le Progrès de Lyon, 1er octobre 2012. - "L'hommage des maîtres cuisiniers à Roger Roucou" in Le Progrès de Lyon, 4 octobre 2012.

Retour