[Procès Klaus Barbie : Charlotte Larat-Blanchy et ses...

[Procès Klaus Barbie : Charlotte Larat-Blanchy et ses avocats]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0912 FIGRPTP0257 05
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
descriptionAu centre : l'avocat Me Paul Lombard suivi, sur la partie gauche de l'image, de Charlotte Larat-Blanchy, Me Yanina Castelli, et Me Grenier (à l'arrière plan).
historiqueLe procès de Nikolaus dit Klaus Barbie s'est déroulé du 11 mai au 4 juillet 1987 devant la Cour d'Assises du département du Rhône, au Palais de Justice de Lyon. C'était la première fois en France que l'on jugeait un homme accusé de crime contre l'humanité. Les charges retenues contre Barbie concernaient trois faits distincts : la rafle opérée à Lyon le 9 février 1943 à l'Union Générale des Israélites de France (UGIF), rue Sainte-Catherine ; la rafle d'Izieu du 6 avril 1944 ; la déportation de plus de 600 personnes dans le dernier convoi parti le 11 août 1944 de Lyon à destination des camps de la mort. Au terme de huit semaines d'audience, Klaus Barbie est condamné le 4 juillet 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité. Il décède le 25 septembre 1991 à la Prison Saint-Joseph à Lyon.
historiqueL'annonce, au deuxième jour du procès Barbie, qu'une plainte allait être être déposée contre Klaus Barbie dans le cadre de l'affaire Jean Moulin, avait fait sensation. Un petit coup de théâtre, cette initiative de Charlotte Larat, veuve Blanchy. Une contre-attaque inattendue qui a pris Me Vergès à contre-pied alors que cet avocat comptait ressortir cette affaire de Caluire à coup de sous-entendus et d'insinuations tout au long de ce procès. La soeur de Bruno Larat et ses quatre avocats, Mes Lombard, La Phuong, Castelli et Grenier, ont décidé de relever le défi. En exigeant qu'une véritable procédure soit engagée, en bonne et due forme, pour qu'enfin toute la vérité soit faite sur ce vrai-faux mystère. [...] Bruno Larat était le plus proche collaborateur de Jean Moulin. Son secrétaire. Après des études de droit à Lyon, il effectue une préparation militaire. Lieutenant au moment de l'armistice, il n'hésite pas. Pas question de se soumettre, il se rebelle. La Résistance, ce n'est rien à cette époque où chacun attend de savoir comment le vent va tourner. Il fait partie de la petite poignée d'irréductibles qui ne calculent pas leur engagement en fonction des opportunités. "Au début il est resté à Londres. Comme il perlait l'anglais couramment, on lui a confié l'instruction de pilotes canadiens. Et puis un jour, De Gaulle a demandé des volontaires pour aller se battre en France. Il était libre, pas marié et sans enfants, il y est allé". Trois fois, il sera parachuté, d'abord près de Tours, puis près de Paris enfin en mars 1943 à Lyon. Larat qui utilise le nom de Laurent Parisot est d'abord agent de liaison, puis chargé de la coordination des parachutages. Il devient ensuite membre de l'Etat Major de l'Armée Secrète. Au moment de la restructuration des différents groupes de résistants, il est alors nommé cher des opérations en zone sud. Très proche de Moulin, c'est lui qui communique à tous les participants, au dernier moment, le lieu et l'heure du rendez-vous de Caluire. Arrêté par Klaus Barbie dans la villa du Dr Dugoujon avec les huit autres "terroristes", il est interrogé et torturé à l'Ecole de Santé par la Gestapo et se retrouve dans une cellule de la prison Montluc. Sa soeur, résistante elle aussi, raconte : "Je n'avais pas vu mon frère depuis longtemps. On s'était donné rendez-vous à Lyon chez une amie le 24 juin. C'est-à-dire le lendemain de son arrestation. Bien sûr, personne n'est venu. Quelques semaines après, j'ai reçu une lettre. A l'intérieur sur du papier à cigarette, il avait écrit : 'Je suis à Montluc, fais-moi parvenir des colis'. Je suis allé au siège de la Gestapo, avenue Berthelot. Mais je ne savais pas sous quel nom il avait été arrêté. J'avais peur que ma démarche lui fasse des ennuis. J'ai fini par leur expliquer que j'étais la soeur de Bruno Larat. Ce n'est pas Barbie qui m'a reçu. Mais on m'a apporté une serviette toute ensanglantée. Je n'ai pas mis longtemps à comprendre qu'il avait été torturé. On m'a dit de revenir dans quinze jours. Ce que j'ai fait. Là, ils étaient furieux. Car il y avait eu cette affaire Aubrac qui avait réussi à s'échapper au cours d'un transfert. Les Allemands m'ont dit : 'ils ont tué des soldats, fini les colis'. Je n'ai plus jamais eu de nouvelles". Charlotte Larat tente en vain d'autres démarches pour entrer en contact avec son frère. Notamment quand il est enfermé à Fresnes. En vain. Quelques semaines plus tard, ce résistant sera expédie à Compiègne avant d'être déporté à Buchenwald : "J'ai su par la suite qu'il a essayé de s'échapper pendant son transfert en sciant une parole du wagon. Mais cela a échoué. Arrivé à Buchenwald, il a été rapidement affecté au fameux tunnel de la mort, dans le camp de Dora. Ce souterrain qui servait à l'usine de fabrication des fameux V2. Là, il travaillait avec de l'eau jusqu'au genou. Au bout de quinze jours, il a attrapé la dysenterie... Il est mort le 4 avril 1944, jour du jeudi saint. Il avait vingt-sept ans". En 1983 déjà, Charlotte Larat-Blanchy avait déposé une plainte sur le bureau du juge Riss, magistrat instructeur lyonnais chargé du dossier Barbie. Refus à cette époque. Car les faits sont considérés comme prescrits. En 1987, depuis l'élargissement de la nation de crimes contre l'humanité, sa plainte est normalement recevable. C'est pour ça que le 1er juin, elle a été reçue par le doyen des juges d'instruction lyonnais, le juge Hamy qui a entendu cette plaignante pendant une heure et demie. A la demande du magistrat, cette femme a dressé un historique des différents évènements qui ont marqué l'existence de son frère [...] Source : "Vers l'ouverture d'une instruction de l'affaire de Caluire" / Philippe Brunet-Lecomte in Lyon Figaro, 2 juin 1987.

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