[Jean-Bernard Lemoine, carillonneur municipal de Lyon]

[Jean-Bernard Lemoine, carillonneur municipal de Lyon]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTP2164 03
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
historiqueAu sommet de la plus haute tour de l'hôtel de ville, passés quatre étage assez civilisés et soixante-six marches qui ne le sont plus du tout, s'étend le domaine de Jean-Bernard Lemoine. Son royaume est grand comme un mouchoir de poche, ouvert aux cieux et aux vents, poussiéreux aussi, encombré d'une petite trentaine de cloches, d'une horloge à tambour qui s'est arrêtée il y a vingt ans et d'un clavier aussi déglingué que faire se peut. Pourtant, l'espoir règne, l'espoir que tout ça va s'arranger. Un jour, bientôt peut-être. Quand on voit le bonhomme, intarissable, incollable et déployant une égale énergie pour taper sur son clavier ou pour faire passer ses idées, on se dit que la ville de Lyon ne pourra pas faire la sourde oreille longtemps. A Annecy, Jean-Bernard Lemoine a déjà rallié Monsieur le maire à sa cause. Vingt cloches il y a huit ans, trente-sept en 1988 et des concerts en proportion. Bel exploit. Pour Lyon, il veut en faire autant, sinon plus. Pourtant Jean-Bernard Lemoine n'est qu'un amateur, un passionné qui investit son temps de loisir dans le carillon, clochers et beffrois mêlés. Directeur régional du fret pour la compagnie aérienne TAT, il est dans le civil ce qu'on appelle un rampant. On ne sait si, dans sa vie, les avions ont précédé les cloches ou le contraire, mais il est sûr désormais que dans le monde entier il descend des uns pour monter voir les autres. D'où son érudition insensée et des chiffres et des dates, comme s'il en pleuvait. "D'abord il faut s'entendre sur ce qu'est un carillon. Le Petit Robert dit : c'est quatre cloches et plus. Mais, depuis 1985, existe une définition mondiale : un carillon c'est vingt-quatre cloches et plus, sinon c'est une sonnerie [...]". Après le passé, Jean-Bernard Lemoine aborde le présent des carillonneurs ses frères : "Nous appartenons à une race en voie de développement. Nous sommes six-cent-quarante dans le monde entier et cinquante-cinq en France, dont quatre dames". Parmi celles-ci il faudra bientôt compter une adolescente de quatorze ans, fille d'un adjoint municipal lyonnais et disciple de Maître Lemoine. Et nous revoici à Lyon. Hormis deux cloches des XVIIe et XVIIIe siècles, l'instrument lyonnais a été fondu en 1914 par Burdin Aîné pour le compte d'Edouard Herriot. Manifestement, Bernard Lemoine n'a pas l'air de porter grande estime à ce fondeur là et de vous faire remarquer les battements sourds qui survivent au son frappé. "Tout ça est désaccordé, les graves sont à peu près justes, mais il faudra refondre les aigus et raccourcir la transmission, plus la transmission est courte mieux c'est", et de vous montrer les longs câbles brinquebalants, les leviers cassés et ceux qui menacent. De refontes obligatoires en construction de clavier neuf, le coût d'une restauration minimum serait de 700.000 francs à quoi il faudrait ajouter 300.000 francs pour l'achat de cloches supplémentaires. Le dossier Lemoine semble avoir et l'aval des services techniques de la ville et celui du maire convaincu désormais qu'il faut éviter une électrification façon Fourvière. A la tête du carillon de Lyon, le successeur d'André Combes a déjà su éviter le pire. Lui reste à inventer le meilleur. Former des carillonneurs, jouer une fois par semaine une heure durant, faire paraître les programmes dans la presse, inviter les stars du carillon pour des concerts d'été : voilà pour les idées futures, à exécuter sur instrument restauré bien sûr. Et si par bonheur la restauration se faisait avant juillet 1989, Jean-Bernard Lemoine se fait fort de mettre ses cloches au service du bicentenaire et des partitions révolutionnaires. Source : "Pauvres cloches" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 2 avril 1988, p.47.
historiqueJean-Bernard Lemoine, né à Paris en 1937, devient carillonneur de la ville de Lyon en 1986. En décembre 1987, il succède officiellement au maître carillonneur de l'hôtel de ville de Lyon, André Combe, mort tragiquement le 10 novembre 1986. En juillet 1987, Jean Beaufort, conseiller général, maire de Miribel (Ain), nommait également Jean-Bernard Lemoine, carillonneur du Mas Rillier à Miribel, un des plus beaux carillons de France.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP01141.
note bibliographique"Jean-Bernard Lemoine nommé carillonneur de Lyon" in Le Progrès de Lyon, 10 décembre 1987. - "La mélodie du carillonneur" / Isabelle Lasserre in Lyon Figaro, 7 avril 1988, p.40. - "Un nouveau son pour le carillon de l'hôtel de ville" / J.-M. Durand in Le Progrès de Lyon, 18 mai 1988.

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