[Nouveau Guignol de Lyon (dir. Jean-Guy Mourguet)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP01119 007
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
description Jean-Guy Mourguet manipulant les marionnettes à gaine de Guignol et de Charles Hernu au Nouveau Guignol de Lyon. Adresse de prise de vue : Nouveau Guignol, 2, rue Louis-Carrand, Lyon 5e.
historique Reportage photographique réalisé à l'occasion de la pièce "Combien de fesses pour ce fauteuil ?", présentée au Nouveau Guignol de Lyon, sous la direction de Jean-Guy Mourguet.
historique Tout fout le camp ! Guignol bouscule toujours les gens en place dans son petit théâtre, mais son art est bien facile et son ironie émoussée. Pots de vin, magouilles et figures connues, tous les rites et le personnel politique national de premier plan sont au rendez-vous derrière le castelet du Nouveau Guignol. Le prétexte : Pancrace Gnafron postule à la présidence de la République. Dans son hôtel particulier pur style Napoleon III, le candidat lyonnais organise une soirée où les Mitterrand, Chirac, et autre Jack Lang sont conviés. La TV est là, bien sûr. Guignol aussi. L'ami de toujours, le conseiller d'aujourd'hui, et peut-être le chef de cabinet de demain. Tous ont la tête tournée par la vamp de service, une certaine Marianne Cinq, frivole et volage, qui ne cesse de changer de compagnon de lit depuis que son Général l'a laissée seule... Tout ce beau monde se retrouve au deuxième acte sur la Côte d'Azur, dans la superbe villa du couple Gnafron. Ceux-ci ont bien compris que la meilleure des stratégies consiste à rincer les gens utiles, les copains, les coquins, et les journalistes. Ces derniers sont particulièrement servis. Sous le soleil du midi, Le Pen joue les trublions au grand dam de la petite classe que sa présence rend hystérique, Léotard en jupette bleue ciel et Noir en salopette rose en couinent de terreur. Pasqua a beau veiller, en tenue de camouflage, il n'empêche pas Hernu de faire le Charles. Le tout s'achèvera bien tristement sur l'ami Gnafron. Dans son salon redécorè par Jack Lang, il apprendra qu'un sondage le place dans le coeur des Français derrière Arlette Laguillier. Rideau, La foule en délire jette des gratte culs. Il n'y a pas de quoi, pourtant. Insolent, Guignol ? Persifleur ? Facile, plutôt, avec des jeux de mots au ras des pâquerettes, des répliques attendues pour ne pas dire éculées. En un heure trois quart de spectacle, rares sont les coups qui portent. "'Vivre à Lyon', le seul journal qui sorte de la poubelle pour aller dans les boîtes à lettres", voilà sans doute la meilleure réplique de cette comédie musicale qui se distingue par la ringardise (voulue ?) de ses morceaux chantés... "Combien de fesses pour ce fauteuil ?", n'excède pas la mise en boîte chansonnière qui ne mange pas de pain. C'est "L'Oreille en coin" plutôt que les "Portraits crachés", cette série britannique au vitriol, qui épingle avec une férocité sidérante et salutaire les ridicules des VIP de la planète. On l'aimerait plus mordant, Guignol, plus virulent. Dire par exemple que Gérard Collomb a une tête de sacristain, ou penser à Francisque quand un Collomb est mouillé dans une histoire de fesses, misère... La critique ne s'élève pas au-dessus des travers qu'elle vise. Chaque soir, dans la plus pure tradition de Guignol, Mourguet, Clerc et leur équipe suivent la trame du spectacle et improvisent selon l'actualité, l'humeur et la salle. Lancer des vannes au public, le houspiller, l'interpeller tout en commentant les faits du jours. C'est le jeu. Peu d'apartés, peu de prises à témoins pourtant le soir où nous étions dans le public. Quittant sa petite salle où il pouvait tenir son public à l'oeil, Guignol a-t-il perdu de son âme ? Source : "Ringardise" / Nelly Colin in Lyon Figaro, 30 janvier 1988, p.3.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 51 négatifs.

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