["Le Grand Léviathan" de Daniel Sardet (1989)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0758 FIGRP00361 002
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
description Le Grand Léviathan (1989). Texte de Daniel Sardet composé en Bodoni romain corps 14 en gris, typographié et mis en page par Michel Chomarat. Illustration de Jean-Marc Scanreigh [BM Lyon, Rés. K 86898].
historique Le texte est signé par un éditeur de Strasbourg, Daniel Sardet, la typographie est du directeur la Maison du livre de Pérouges, Michel Chomarat, et les bois qui illustrent l'ensemble ont été réalisés par le Lyonnais Jean-Marc Scanreigh. Le tout, fortement marqué par le symbole de la lune, n'est autre que le dernier livre d'art édité, avec grand soin et petit tirage, par la Maison du livre de Pérouges. Baptisé très ésotériquement "Le Grand Léviathan" par le trio, il a été tiré à quatre-vingt-cinq exemplaires. Et annoncé, dans les semaines qui ont suivi sa parution, par des cartons, lunaires et pleins de mystère. "Il s'est mêlé de posséder, de tous temps, les gens qui courent le monde". La citation sort tout droit de l'esprit du spécialiste es-démonologie Collin de Plancy. Précédant, sur papier vélin, un descriptif de l'ouvrage rare, elle a atterri dans la boîte aux lettres de quelques centaines d'initiés, clients fidèles de la maison d'édition, amateurs d'art, libraires et galeristes, connaisseurs et passionnés. Le Grand Léviathan était né. II fallait bien le leur annoncer. En leur donnant d'ores et déjà un maximum de précisions d'ordre technique. Histoire de montrer que l'objet était de qualité. "Deux choses m'importent : la recherche au niveau du texte et la recherche au niveau de la forme. J'ai le souci de la maquette". Le directeur de la Maison du livre n'a pas failli à son crédo. Ouvrage relié de quarante-huit pages et format modeste, "Le Grand Léviathan" - LGL pour les intimes - est composé en Bodoni, un caractère à la fois sobre et équilibré créé au XVllIe siècle par Monsieur Bodoni. Le type est romain, le papier de qualité, l'impression en noir et blanc. Huit bois gravés réalisés par le peintre Jean-Marc Scanreigh viennent s'intercaler dans le texte. Les multiples découpes les précédant sont censés symboliser les différents quartiers de la lune. Le livre, qui s'ouvre sur un croissant, commence au premier matin du monde. Lorsque "Scanreigh s'ouvrit comme un oeuf". Né de la rencontre entre un peintre connu pour ses activités d'illustrateur et un écrivain, auxquels est venu s'ajouter l'esthète-technicien de Pérouges, il a pour thème le plus direct le travail de Scanreigh. Crachant "par un évent comme le grand Léviathan", l'artiste est décrit comme "endurci au ma!", "griot, noir animal, puis larbin". Il menace le monde, et le parcourt. Tour à tour "souffleur d'oreilles" et attentif à "la pierre qui chante", i! est celui dont il faut "se garder". Pour "regarder monter la lune". Achevé le 7 avril 1988, le texte de Daniel Sardet a été édité le 29 avril [1989], jour de pleine lune. Le message est plutôt énigmatique, espace et ésotérisme ne sont pas loin. "Ça tourne autour du grand maître de Lucifer. La citation de Collin de Plancy est assez proche de l'idée que je me fais de ce travail. Pour lui, le grand Léviathan, c'est l'errance. Et, en même temps, le LGL est un ouvrage plein de mystère. Parce que dans le livre d'artiste, il faut toujours rentrer dans une espèce d'atmosphère". L'invitation a l'air de porter ses fruits : les quatre-vingt-cinq exemplaires du LGL, diffusés pour ce qui concerne la région par la Librairie des nouveautés et le musée d'Art moderne de Saint-Etienne, sont presque tous vendus. Au prix de 330 francs pièce. Reste à attendre maintenant les expositions que feront, le premier à Strasbourg en décembre [1989], le deuxième à Caen en février [1990], les acolytes de l'éditeur de Pérouges, Daniel Sardet et Jean-Marc Scanreigh. Et à traquer Ie LGL circulant sous le manteau. Car de réédition, la Maison du livre n'a pas l'habitude. Bois et éléments de fabrication ont été détruits. Aucun espoir n'est permis. "C'est un point de non-retour. Il n'y aura jamais de retirage. Et, s'il y en a, je peux vous assurer que ce ne sera pas de moi", conclut Michel Chomarat. Un adepte de la rareté et de la minutie. Source : "Léviathan sur velin" / Anne Masson in Lyon Figaro, 21 juillet 1989, p.31.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 21 négatifs.
note bibliographique "Une maison Chomarat pour Lyon" / A.M. [Anne Masson] in Lyon Figaro, 21 juillet 1989, p.31.

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