[Maquette de la Manufacture des tabacs (projet Université...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0058 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Reconversion de la Manufacture des Tabacs - Université Lyon III (projet réalisé). Albert Constantin, architecte. Maquette au 1/333e en merisier massif, plomb, étain, laine d'acier et plexiglas par l'Atelier Fau, décembre 1991.
historique Elle deviendra sûrement le plus beau lieu universitaire de Lyon. Il faut dire que ce n'est pas très difficile. Hormis les bâtiments historiques des quais du Rhône qui ont retrouvé une seconde jeunesse avec leurs façades rénovées et illuminées, ce ne sont pas les campus de Bron-Parilly ou de La Doua qui pourront rivaliser. La Manufacture des tabacs, enfin en chantier depuis mai [1992], accueillera ses premiers étudiants en septembre 1993. Ils seront cinq mille, élèves en premier cycle (droit, lettres et gestion) de l'université Lyon III - JeanMoulin, à franchir l'enceinte de ce que chacun appelle toujours la "Manu". Propriété de la Seita depuis 1924, ce bâtiment est passé dans les mains de la Communauté urbaine en juillet 1990 contre un chèque de 35 millions de francs. Ce lieu est aujourd'hui chargé d'un double symbole. Il marque l'engagement des collectivités locales dans un domaine qui ne relève par directement de leur compétence et affiche clairement la volonté d'un retour des étudiants dans la ville, vingt ans après qu'un certain mai 1968 ait amené les hommes politiques à "exiler" les campus à la périphérie des cités. Si Bron-Parilly renferme toutes les erreurs des années soixante-dix, la Manu devrait être à l'image d'une décennie où l'on a enfin mesuré à sa vraie valeur l'intérêt économique de la vie universitaire. Conscient de tous les enjeux rattachés à ce chantier, Albert Constantin, l'architecte lyonnais lauréat du concours de réhabilitation de ce site, a travaillé en fonction de ce nouveau concept d"'université urbaine". Il entend bien faire de la Manu "une référence", un exemple de fac en ville que l'on viendra visiter de toute la France. Pour l'instant, seule une première tranche, dite "partie nord" est en phase de réaménagement (budget : 145 MF financés par l'Etat, le Conseil général et la Communauté urbaine). Soit 28.000 mètres carrés de locaux dont un bâtiment neuf qui longera la rue du Professeur Rollet et abritera les amphithéâtres. Cette rue deviendra "la rue des étudiants". Piétonne, elle permettra un accès dans le calme et la convivialité et remplacera l'entrée actuelle trop bruyante du cours Albert-Thomas. Après avoir franchi la porte de l'université, les étudiants se retrouveront dans la "rue intérieure" qui mènera, à son extrémité, à une cours-jardin, copie du cloître de musée Saint-Pierre. Les cinq niveaux du bâtiment comprendront une cinquantaine de salles de cours et des bureaux administratifs. Parce qu'une université requiert des normes de sécurité drastiques, les larges escaliers métalliques style Eiffel ont dû être détruits. En revanche les poteaux "tulipe" subsisteront le long des couloirs et la découpe des fenêtres sera respectée même s'il faut remplacer tous les encadrements pour renforcer l'isolation. Ainsi, vue de l'extérieur, la Manu ne subira pas de transformation. Les murs seront simplement rafraîchis. Aucune baie vitrée ne viendra rompre la régularité des façades. A l'intérieur, Albert Constantin n'a pas voulu travailler uniquement en terme de "quantité", de mètres carrés, même si ces derniers représentent un élément on ne peut plus précieux pour des facs en mal d'oxygène depuis de nombreuses années. "Je souhaite éviter la fonctionnalité et apporter de la poésie en travaillant sur le volume et la lumière". Cette lumière du dehors arrivera jusqu'aux couloirs. Grâce aux parties vitrées des salles de cours. Pas de couleurs criardes, pas de parcours "labyrinthe", l'architecte a pris le parti de la simplicité accueillante. Côté expériences nouvelles, la Manu sera équipée pour recevoir les étudiants handicapés et une attention toute particulière sera apportée à la qualité acoustique des amphithéâtres. Enfin, le revêtement de sol ne craindra pas les brûlures de cigarettes. Peu d'installations sportives (seulement 600 mètres carrés en sous-sol), pas de restaurant universitaire, là encore, la Manu se veut un symbole. Pour les activités physiques les étudiants seront appelés à fréquenter les stades du quartier, et pour déjeuner, choisir le fast food ou autres cafétérias qui prendront place rue du Pr Rollet. "II faut savoir si les jeunes préfèrent être dans la ville où disposer de salles de sport", considère Albert Constantin pour qui la réponse est évidente en cette fin de siècle. Quant au restaurant universitaire "ce n'est plus le lieu de prédilection des étudiants" qui préfèrent souvent le sandwich et la barquette de frites du café d'en face où aucune file d'attente n'est imposée. Tout cela relève "d'une autre réflexion", souligne Albert Constantin. "L'université ne doit pas être un enclos. Si elle est dans la ville, c'est pour qu'elle soit ouverte, que les étudiants puissent en sortir". Il est certain que l'opération Manufacture des tabacs aura des conséquences sur la vie de ce quartier du huitième. La Mrash (Maison Rhône-Alpes des sciences de l'homme) mène actuellement une enquête sur les répercussions de cette implantation universitaire. Decitre a été le premier à réagir en ouvrant, avant même l'arrivée des étudiants, une librairie. Et la clinique Monplaisir réfléchit elle aussi à son évolution. Quant à l'Institut Lumière, il voit là un potentiel de public non négligeable. Enfin, on peut parier que les emplacements commerciaux de la rue du Pr Rollet seront très prisés. Contrairement au campus de Bron-Parilly, qui n'a amené aucune vie dans son environnement immédiat la Manu ne pourra que revitaliser un quartier qui a déjà la chance de posséder une station de métro. Ce métro a d'ailleurs permis aux aménageurs de justifier le peu de places de parking dont disposera la Manufacture (trois cents au total). De toute façon, il n'y a pas d'espace pour en construire davantage. Ces places de stationnement seront essentiellement réservés aux professeurs, les étudiants étant censés utiliser le métro qui les déposera à deux pas de l'entrée de la fac. Reste que ce chantier, si beau et si novateur soit-il, renferme encore des difficultés importantes, puisque financières. Un : on ne sait toujours pas quand débuteront les travaux de la deuxième tranche. Deux : pour la première tranche, la fac n'a, pour l'instant, pas un sou au titre de l'équipement. Toutes les universités lyonnaises sont concernées par ces interrogations puisque lorsque Lyon III s'installera dans la partie nord de la Manu, elle libèrera ses locaux de La Doua au profit de Lyon I, et, lorsque la deuxième tranche sera achevée, elle quittera une partie des quais du Rhône cédant la place à Lyon II. Malgré tout, avec la Manu, Lyon renoue avec sa population étudiante. A terme, ils seront quinze mille élèves à la fréquenter. On ne pourra plus dire que l'on "cherche" les jeunes dans cette ville pourtant universitaire. Source : "La Manu fac" / Sandrine Blanchard in Lyon Figaro, 22 septembre 1992, p.1 et 3.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP05477.
note bibliographique Trente ans de maquettes / Dominique Fau, 2019, p.70-71 [BM Lyon, 6900 E1 FAU]. - Site officiel. [En ligne] : https://www.maquette-fau.com/ (consulté le 31-10-2023).

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