[Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse (Ain)]

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localisationBibliothèque municipale de Lyon
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm
historiqueVieux de quatre cent cinquante ans, les vitraux de Brou retrouvent une nouvelle jeunesse et bénéficient de l'informatique pour les protéger des agressions atmosphériques.
historiqueAvec ses 100.000 visiteurs par an, c'est l'un des monuments les plus visités de la région Rhône-Alpes, comme l'un des plus beaux fleurons du gothique flamboyant à son apogée. Brou élève vers le ciel ses guirlandes de pierre qui entourent des tombeaux richements sculptés et des vitraux d'une incomparable beauté. Ces derniers étaient atteints de vieillesse. Les Monuments historiques viennent de leur donner une nouvelle jeunesse et, grâce aux merveilles de la technique et de l'informatique réunies, leur assurant ainsi une protection des plus efficaces pour l'avenir. De quoi satisfaire les mânes de haute et respectable dame Marguerite d'Autriche, fondatrice du lieu. Elle n'eut vraiment pas de chance, cette infortunée princesse, fille de l'héritière du puissant duché de Bourgogne et du tout aussi puissant archiduc d'Autriche ! Convoitée, pour sa dot, par toutes les têtes couronnées d'Europe, elle fut d'abord fiancée au dauphin de France, fils du redoutable Louis XI. Elle avait deux ans. Elle en avait quinze quand la Cour de France la renvoya chez elle : son mariage n'était plus nécessaire à la politique du moment. Son frère la maria alors à l'infant d'Espagne, lequel mourut brusquement six mois après. Puis il lui fit épouser le duc de Savoie, qui se tua dans un accident de chasse. Du coup, Marguerite s'installa à Bourg-en-Bresse, décidant d'y fonder une église abritant son propre tombeau. Refusant d'épouser le roi d'Angleterre, nouveau mari une fois encore prospecté par son frère, elle se lance alors dans la construction de l'édifice qu'elle confie à quatre maîtres d'oeuvre bressans. Régente des Pays-Bas pour le compte de son neveu, le futur Charles Quint, la princesse n'en surveille pas moins de près le chantier de Brou, bientôt décoré par un maître flamand réputé : Loys van Boghem. En 1530, elle meurt d'une gangrène au pied. En 1537, l'église est consacrée. L'un de ses plus beaux constituants est à coup sûr l'ensemble des vitraux. Cinq grandes baies de dix mètres de haut dans l'abside, trois baies dans des chapelles au nord, enfin une immense ouverture du côté sud. Un excellent exemple de la transition de la peinture flamande, encore gothique d'inspiration, vers l'art de la prochaine Renaissance soulignent les spécialistes. Des cartons dessinés à Bruxelles, amenés à Brou, avec le plomb et montés par des artistes locaux. Une suite de scènes, délicatement dessinées, superbement colorées, où, selon l'usage du temps, les donateurs, Marguerite et son époux, sont représentés en prière, au milieu d'un aréopage de saints et de bienheureuses. Mais ces merveilles menaçaient ruines. Harcelés par le temps, agressés par le gel et les rayons du soleil, leurs plombs usés, leurs couleurs ternies, mangées, diluées... les vitraux s'enfonçaient dans la nuit. Propriétaire du bâtiment, l'Etat s'est ému et les Monuments historiques ont entrepris une restauration complète, sous la responsabilité du conservateur régional Marc Botlan. Coût total : près de deux millions de francs. Durée du chantier : huit mois. Il vient de s'achever [fin 1988]. L'analyse du début avait permis aux responsables de respirer : les infortunés vitraux n'étaient point attaqués par des micro-organismes gloutons comme certains de leurs congénères, ceux de la Bénisson-Dieu, par exemple. Rien n'était perdu. Les travaux furent confiés à un artisan de Bourges, Jean Mauret, spécialiste de ce genre de sauvetage... mais aussi créateur de vitraux contemporains pour les édifices religieux. Par paires, les vitraux furent délicatement déposés puis nettoyés. A l'eau claire, par simple ruissellement. "Sans aucun détergent, précise bien l'homme de l'art. Car, si on rince mal, c'est alors une catastrophe, comme ce fut parfois le cas. Jadis". Dûment remontés dans leurs meneaux de pierre, lesquels ont été renforcés par inclusion d'éléments de cuivre, les vitraux ont retrouvé leur place et leurs couleurs d'origine. Mais un risque subsistait quant à ceux exposés au nord, c'est-à-dire particulièrement agressés. D'ou l'idée de doubler chaque vitrail, sur l'extérieur, d'une vitre transparente le protégeant des variations atmosphériques. Un problème subsistait : comment éviter le redoutable effet de serre qui, sous l'action des rayons de soleil, risque de faire monter la température entre les deux vitrages et entraîner la prolifération d'algues microscopiques adorant l'humidité confortable ? Les responsables se sont tournés vers un nouveau procédé utilisé dans l'abbaye de Cantorbery et, pour la première fois en France, dans celle de Troyes. Chaque inter-vitrage est doté d'une mini sonde enregistrant la température et la transmettant à un ordinateur qui met lui-même en marche un système réfrigérant, quand la température monte par trop. A rendre presque jaloux les vitraux du côté est, moins agressés, comme l'unique vitrail sud qui n'a pas encore eu les honneurs du grand rajeunissement. Patience, son tour va venir sous peu ! Source : "Un vitrail, des travaux" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 31 décembre 1988, p.27.
note bibliographiqueWikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Monastère_royal_de_Brou (consulté le 29-09-2022).

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