[Célestins hors les murs. Monsieur chasse !, de Georges...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon
technique 1 photographie numérique : couleur
historique Quand Duchotel dit qu'il va à la chasse, c'est pour pécher avec madame Cassagne... Quand Léontine, la femme abusée, découvre son infortune, Moricet est là, ses bras de consolateur-vengeur et sa garçonnière grands ouverts. Tout pourrait se régler simplement. Mais c'est compter sans l'intempestif, le hasard et les circonstances, qui tour à tour peuvent prendre l'aspect d'une concierge, aristocrate tombée dans la débine, d'un neveu courant le jupon, d'un mari décidé à surprendre sa femme en flagrant délit d'adultère, d'un commissaire pas physionomiste... Quiproquos, mensonges, rebondissements et coups de théâtre, bons mots, saillies et réflexions absurdes, noirceur pessimiste du regard... Le temps passe, et l'auteur ne perd rien de sa pugnacité, ni l'oeuvre, un chef-d'oeuvre de vaudeville, de son comique. Feydeau nous fait toujours rire. On rit de la bêtise, de la mesquinerie, voire de la méchanceté, de ses personnages, des fantoches qui nous ressemblent, finalement. On rit de la virtuosité de construction de situations alambiquées, d'agencement complexe d'intrigues. On rit d'une accélération des événements qui fait déraper la réalité dans l'abstraction. On rit, ou plutôt, on devrait. Car on ne s'esclaffe pas vraiment, pas assez souvent au spectacle mis en scène par Claudia Stavisky. Du travail propre, un certain savoir-faire, de la technique, mais pas d'art scénique à proprement parler, pas d'inspiration. C'est pépère et gentil. Ce devrait être vertigineux et hilarant. La mécanique n'est pas encore au point, dans ces premières représentations. Elle n'est même pas là du tout. Manque le rythme. Viendra-t-il avec le temps ? Manquent aussi ce grain de folie, ce rien de délire qui font exploser le texte de l'intérieur, qui font que les mots ne disent pas seule- ment ce qu'ils signifient... Bien trop sage, ce Feydeau, planté avec humour dans une scénographie légère qui, du vaudeville a gardé l'essentiel : les portes et les fenêtres, mais qui susciterait presque, parfois, un discret ennui. Heureusement, il y a Didier Sandre et Bernard Ballet. Le premier est un Moricet surprenant, et attachant. Il le joue comme un grand enfant boudeur, qui voyant sa friandise (Léontine) tour à tour s'éloigner ou se rapprocher, s'en étonne, s'en agace, ou bat des mains. Il a des naïvetés, des candeurs, des colères, des roublardises amusantes. Une fragilité aussi, des hésitations, qui nous changent de ces amants de vaudeville, postulants passionnés qui jouent toujours leur partition en force. A ce jeu en finesse et nuance, en rupture même, répond joliment en s'y opposant radicalement celui de Bernard Ballet. Son Duchotel est d'un bloc, le genre "emballé c'est pesé, moi, on ne me l'a fait pas". Une virilité un peu crue qui ne manque pas de saveur et de drôlerie. Si Laurent Soffiati (Gontran) campe avec une adéquate décontraction, la jeune génération, Philippe Vincenot (caricatural Cassagne) nous est apparu peut-être un peu trop carré dans un de ces rôles d'abrutis où pourtant il excelle. Source : "Pépère et gentil" / Nelly Gabriel in Lyon Figaro, 22 avril 2004, p.26.
note bibliographique Photographie reproduite in Lyon Figaro, 22 avril 2004, p. 26.

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