[Le Grand bazar de Lyon]

[Le Grand bazar de Lyon]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon
technique1 photographie numérique : couleur
descriptionAdresse de prise de vue : Grand bazar de Lyon, 31, rue de la République (angle place des Cordeliers), Lyon 2e.
historiqueA l'occasion du dépôt de permis de démolition et reconstruction du Grand Bazar de Lyon, le projet architectural du nouvel édifice signé Jean-Pierre Buffi a été présenté [le 1er juillet 2004]. Alors que depuis des semaines déjà, l'annonce de la disparition de ce bâtiment agit comme une onde de choc sur les Lyonnais, attachés à ce dernier vestige des grands magasins de centre-ville. Historiens, riverains s'insurgent s'inquiètent et interpellent la ville. Car faut-il détruire le Grand Bazar, site commercial historique depuis 1856 ? Une association "Sauvons le Grand Bazar" est d'ailleurs en cours de constitution et projette de faire appel du permis déposé. Regrettant qu'il n'y ait eu aucun débat avec la population. S'appuyant sur des précédents regrettables de disparition du patrimoine des Lyonnais, d'une partie des halles Tony-Garnier, au Pont de la Guillotière, en passant plus récemment par les usines Rivoire et Carré. Un légitime questionnement au vu des erreurs passées, qui ne doit pas pour autant brimer toute possibilité de réaliser une architecture moderne digne de ce nom. Car si Lyon a obtenu le label de patrimoine mondial l'Unesco, celui-ci ne doit pas figer la cité comme un musée éternel. C'est en tout cas l'inquiétude de Gilles Buna. Qui a pris soin, [le 1er juillet], de motiver la décision prise par la Ville, en accord et en présence de l'architecte des Bâtiments de France, Pierre Franceschini, chef du service départemental de l'Architecture et du Patrimoine. C'est l'enseigne Monoprix qui a lancé il y a déjà plusieurs années le débat, en faisant part des difficultés d'exploitation du site, plus du tout adapté aux normes modernes d'un commerce de proximité d'hypercentre. Accessibilité aux handicapés réduite, travaux nécessaires pour répondre aux récentes normes de sécurité, charges au sol pouvant aller jusqu'à 200 kilos par m2, alors que dans n'importe lequel des édifices modernes c'est 600 kilos au mètres carrés... "Il y a quatre ans", assure Pierre Franceschini, "une étude a été réalisée pour tenter de conserver le bâtiment en le surélevant. Mais l'intérieur, avec structure métallique est d'une stabilité problématique d'autant qu'il a été rehaussé dans les années trente, et qu'il en résulte une imbrication des structures béton et métallique. C'est un bâtiment dangereux". Quant à la valeur architecturale propre du site, l'architecte, comme l'adjoint, ont tranché pour estimer que si la façade d'origine de 1856 était remarquable, celle-ci a depuis "été raclée, défigurée". Que les ajouts successifs vers 1886 d'une marquise, en 1930 d'un étage, ont défiguré d'ores et déjà le Grand Bazar. Pierre Franceschini donnant comme contre exemple la façade historique de la Lyonnaise de banque qui, elle, est conservée car restée dans son aspect d'origine, tandis que côté rue de la République, elle a été détruire car égratignée au gré des ravalements successifs. Reste, pour le Grand Bazar, la valeur affective qui, elle, ne se classe pas... Et qui fait d'un édifice privé, un bâti- ment d'intérêt public. "On nous avais promis une enquête publique", regrette pour sa part Lionel Vaganay, un des habitants mobilisés pour la sauvegarde du bâtiment. Celui-ci ne comprend pas que l'on ne monte pas un projet de maintien de la façade existante, en recréant une marquise en verre par exemple. "De toute façon, que l'on ne nous fasse pas croire que le magasin n'est pas rentable. Si Monoprix s'en allait, les enseignes se bousculeraient pour prendre la place même si l'on devait conserver le bâtiment existant. Tout est affaire de rentabilité financière. Avec des immeubles de bureaux à l'étage, l'édifice devient plus lucratif". Gilles Buna soutient, pour sa part, "qu'il est plus attaché au maintien de la vocation commerciale d'origine en hypercentre et à l'aspect social du dossier, cent six salariés travaillent actuellement chez Monoprix" qu'à son aspect architectural "qui n'est pas remarquable". Source : "Déballage au Grand Bazar" / Agnès Benoist in Lyon Figaro, 2 juillet 2004, p.1 et 4-5.
historiqueSi tout va bien, en décembre 2004 et l'ouverture des enseignes Monoprix (3117 m2 de vente contre 2713 actuellement, et davantage de fonctionnalité) et H&M (1050 m2) annoncée pour la fin 2006. Sans oublier 2886 m2 de bureaux en étage. Le nouvel immeuble sera composé de cinq niveaux pour un total de 8878 mètres carrés. Un parking de deux cent soixante-deux places sur cinq niveaux en sous-sol fait partie du projet. Il sera réparti entre clients et résidents du quartier. Durant les travaux, la Ville a planché sur un aspect délicat du dossier, le relogement temporaire de Monoprix. "Nous n'avons trouvé aucun bâtiment qui puisse accueillir durant la période de démolition reconstruction le Monoprix, il s'installera donc dans le parking des Cordeliers, au rez-de-chaussée, avec quelques aménagements et une surface réduite", a annoncé Gilles Buna. Source : "Démolition annoncée en décembre" / A.B. [Agnès Benoist] in Lyon Figaro, 2 juillet 2004, p.5.
historiqueQuand l'on détruit, il faut reconstruire. Et la bonne surprise, c'est le projet de Jean-Pierre Buffi, qui a dévoilé, [le 1er juillet], un contour subtil, dialoguant avec les façades imposantes et éclatées du quartier, du palais de la Bourse, à l'église Saint-Bonaventure en passant par l'immeuble des anciennes galeries Lafayette. Pas question de faire du pastiche, l'architecte déteste le faux ancien. "Avant, on construisait avec 4,50 mètres de plafond, maintenant avec 2,50 mètres, les façades ne peuvent avoir le même rythme". Il a donc conçu un magasin moderne de centre-ville au profil assez épuré jouant de la transparence en écho aux baies primant dès l'origine avec le Grand Bazar. Car son travail tisse habilement des liens constants avec son voisinage. Il a joué sa partition finement. "On inscrit notre note tout en faisant attention à ce que les échelles soient à l'unisson". Sur le bâtiment lui-même, il tente de dialoguer, de "retrouver la beauté, la finesse, de ce qui faisait la vibration du Grand Bazar d'antan. Par rapport à l'opacité des bâtiments autour, je voulais recréer cet effet de bijoux, qu'avait le bâti des origines". L'édifice s'évase vers le haut pour atténuer l'impression de hauteur. Qui ne dépassera pas celle de ses voisins. Il joue du verre omniprésent et justifié pour un commerce, et du métal qui rythme horizontalement la façade faisant écho aux corniches du palais de la Bourse et aux immeubles proches. Des lignes de métal, en cuivre ou bronze qui s'accentueront vers le ciel. L'architecte des bâtiments de France lui a imposé un recul de deux mètres rue Grolée face au palais de la Bourse, et le découpage des angles non droits très Haussmanien. Il a respecté, voire souligné discrètement, la perspective sur Fourvière de la rue Tupin. Finalement, le voisinage le plus difficile s'avère être celui de l'église Saint-Bonaventure. De ce côté, la façade s'efface presque. Selon Gilles Buna, ce n'est "pas un projet brutaliste, il s'insère dans la ville et je le trouve enthousiasmant pour ma part. C'est un choix assumé de bâtiment contemporain". Ancien architecte conseil de la Ville de Lyon pendant plusieurs années, l'Italien Jean-Pierre Buffi connaît Lyon et sait ce qu'est une ville musée, il est né à Florence... Il accepte rarement des projets privés car ils n'ont pas souvent de parti-pris architecturaux mais s'est attelé à celui-ci. Qui a juste un défaut, devoir faire table rase de l'ancien. Source : "Retrouver le bijou des Cordeliers" / A.B. [Agnès Benoist] in Lyon Figaro, 2 juillet 2004, p.5.

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