[Cap au Nord au Cabaret baroque]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon
technique 1 photographie numérique : couleur
description De gauche à droite : Marie Normand, chanteuse-auteur-interprète, et Jean-Pierre Caporossi, pianiste-compositeur. Adresse : café-théâtre Le Cabaret baroque, quai Charles de Gaule, Lyon 6e.
historique Elle, elle dodeline, se dandine lascivement quand elle entonne Caroline, samba minimaliste et rustique. Lui, homme-orchestre fantasque, il accompagne sagement, non sans dégager une névrose délirante masquée par l'austérité et l'application de son jeu... de scène, de jambes, de mots... Sa main, araignée pressée, se promène frénétiquement sur ses claviers, boîtes à malices sonores d'où surgissent aussi bien l'acoustique plombée d'un piano que la naïveté synthétique d'un Bontempi. Elle, douceur féroce, chante le non-sens avec agressivité ou volupté, hargne et suavité. Trop affirmée pour être mélancolique, ange brun sulfureux, elle navigue sur les mers déchirées de la chanson réaliste et plus encore. Lui, irremplaçable acolyte, clown-triste, il tapote, pianote, papote, isolé, esseulé. Il fait rire. Elle, divine, démone et déesse, griffe le public d'une voix féline. Tous les deux ont mis le Cap au Nord, destination inconnue. En direction des terres de la chanson et du cabaret ? Sans doute. Le Nord, pas original quand on s'appelle Marie Normand. Plus, déjà, quand on se nomme Jean-Pierre Caporossi. Actuellement, leur odyssée prend le large au Cabaret baroque, "lieu qui se prête bien aux choses un peu insolites" selon lui. Duo lyonnais spécialisé dans le spectacle-onomatopée après "Toc Toc" en 1996 puis "...et paf !" en 1998, Cap au Nord s'est installé depuis [le 15 mars 2001] dans l'enceinte rococo du champignon biscornu des quais du Rhône pour y présenter son nouveau tour de chant, sans titre. Entre surréalisme et humour grinçant, cette nouvelle prestation cultive un sens de l'absurde doux-amer. Désopilants, les deux comparses instillent à leur duo une dimension caustique qui joue des extrêmes dans un décor qui, lui, tend à l'épure. Du "Lundi au soleil" de Clo-Clo. revu sous des angles dissonants, au blues antifasciste de "Paf! le chien", Cap au Nord emmène l'auditeur du ludique à l'engagé sans sacrifier une qualité d'écriture affûtée. Sorte de diseuse du troisième millénaire, présente comme une Yvette Guilbert, la belle Marie Normand honore, du grave à l'aiguë, de grands auteurs-compositeurs qui ont largement inspiré le duo. Imaginez la subtilité gainsbourienne chantée par une Damia, le burlesque de Kurt Weill exécuté par un Satie... Dans ce tourbillon des émotions, dans cette vision distante de la banalité, Cap au Nord offre de charmants instants. La Marseillaise, déclinée sur des airs de Mozart, Elton John et Bizet ou encore une chanson d'amour, "une vraie". Moins théâtralisé que les précédents, ce spectacle se définit parfaitement tout seul, à la lecture d'un vers de la somptueuse Envolée : "Savourer la pomme du paradis des sens". Source : "Elle et lui, le vent en poupe" / Fabrice Arfi in Lyon Figaro, 21 mars 2001, p.32.

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