[Façade de la maison Thomassin]

[Façade de la maison Thomassin]
droitsLicence Ouverte-Open Licence
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0546 S 0069
technique1 photographie négative sur verre : noir et blanc ; 21 x 27 cm
historiqueLa maison que je vais décrire est celle des Thomassin, ancienne famille consulaire lyonnaise éteinte au XIIe siècle et fondue dans les de Vergy. Elle se compose de deux corps de bâtiment de quatre étages dont l'un, précédé d'une terrasse, donne sur le quai de l'Archevêché et l'autre sur la place du Change ou se trouve l'entrée. Le premier reconstruit en 1626 par Catherine de Thomassin, comtesse de Bellin, n'offre plus aucun intérêt. Le second a eu, comme le précédent, sa part de réparations ; sa façade a été remaniée au XVIe siècle et exhaussée au siècle suivant de deux étages, mais on y observe des arcades si différentes du reste par leur forme et leur style qu'il y a lieu de croire qu'elles ont été rapportées et qu'elles proviennent d'une construction plus ancienne. Ces arcades dans lesquelles s'inscrivent de petites ogives géminées et trilobées et qui se font remarquer par l'élégance de leurs colonnettes engagées, rappellent les beaux arceaux du triforium de la Primatiale, et leur ornementation indique le milieu ou la fin du XIVe siècle. Cette maison qui a passé par des réparations successives sous lesquelles il faut chercher son caractère d'origine, est citée dans les plus anciens documents. Un terrier de 1303 la désigne ainsi : "Domus animalium, bestiarum, domus de animalibus", maison des Besbas, nom qu'elle a conservé depuis, et qu'elle tirait d'animaux fantastiques sculptés sur sa façade et dont on peut voir les débris mutilés au no.1 de la rue Saint-Jean. Elle appartenait en 1380 à Pierre Ier Thomassin, qu'on trouve inscrit comme drapier au syndicat de 1398 et qui fut six fois conseiller de ville. Son fils, Mathieu Thomassin, né à Lyon en 1391, président de la Chambre des comptes de Grenoble, ami de Guy Pape et auteur d'un manuscrit intitulé : "Registre delphinal", dont il existe une copie à la Bibliothèque nationale, la possédait en 1420 et Pierre II Thomassin en 1448. Ce dernier, drapier comme son grand père, fut quatre fois conseiller de ville, testa à Vienne le 26 mai 1479 et mourut la même année. Il avait épousé Catherine Beaujean dont il eut plusieurs enfants, entre autres Marie Thomassin, mariée à Barthélemy de Villars, ascendant du vainqueur de Denain ; Léonarde Thomassin, mariée à Hugues Pocuhot, et Claude Thomassin, capitaine de la ville, conservateur des privilèges des foires de Lyon, trois fois conseiller de ville, marié à Marie de Saint-Barthélemy, fille de Geoffroy de Saint-Barthélemy, drapier, et de Marguerite Dodieu, dont vinrent : Bonaventure Thomassin, conseiller de ville en 1519, et Jacques Thomassin, chevalier, seigneur de Dommartin, maître des eaux et forêts du Dauphiné. Claude Thomassin possédait en 1493 la maison que nous venons de décrire, et c'est à lui qu'on doit la reconstruction de la cour intérieure et de ses galeries ainsi que de la tour et de la tourelle en encorbellement servant de cage d'escalier qui en occupent un des angles. Il ouvrit, en 1499, sur un terrain qui lui appartenait entre la rue Mercière et la rue Grôlée, la rue qui porte encore son nom. Ajoutons que lorsque Henri IV, après la soumission de Lyon, créa par son édit du mois de décembre 1595, la charge de prévôt des marchands, ce fut René Thomassin, petit-fils de Claude Thomassin, qui remplit le premier ces fonctions. La maison des Bêtes appartenait en 1645 à Anne de Gaburzat, veuve de Jean Bais de Curis. Leurs enfants, Jean et Louis, marchands drapiers, en héritèrent et leurs descendants la possédaient encore au moment de la Révolution. Les armoiries des Thomassin étaient d'azur à la bande d'or accompagnée en chef d'une tête de lion d'or. On les voit encore sculptées, dans la cour de leur maison, sur des écussons qui reçoivent les retombées des nervures de la galerie du premier étage. Elles sont encore très lisibles et perpétuent dans cette maison le souvenir de ceux qui l'ont construite et pendant plusieurs siècles habitée. Source : "La Maison des Thomassin" / Félix Desvernay in Le Progrès de Lyon, 22 août 1907.

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