[1, rue Emile-Zola]

[1, rue Emile-Zola]
droitsLicence Ouverte-Open Licence
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0546 S 0257
technique1 photographie négative sur verre : noir et blanc ; 24 x 30 cm
descriptionInscription(s) sur l'image : "Maison et bureau des fabricants en étoffes de soye or et d'argent / 1727". Adresse de prise de vue : 1, rue Emile-Zola, Lyon 2e.
historique[... Quand vous passerez] rue Emile-Zola - autrefois rue Saint-Dominique - arrêtez-vous devant l'immeuble portant le numéro 1. Vous admirerez d'abord son superbe balcon en fer forgé. Au-dessous, encastrée dans la façade et encadrée de motifs sculptés, une plaque de pierre porte l'inscription : "Maison et bureau / des fabricants en étoffes / de soye or et argent / 17 27". Pendant cinquante-deux années, de 1727 à 1779, la Communauté de la Grande Fabrique tint ses assises dans cet immeuble. Ancêtre de l'Association des Syndicats de la Soierie lyonnaise, la Communauté de la Grande Fabrique groupait les marchands, fabriquants et ouvriers en étoffes d'or, d'argent et de soie. On sait que l'église Notre-Dame-de-Confort, dépendant du couvent des religieux Jacobins ou Dominicains établi entre la place des Jacobins, la rue Saint-Dominique, la place Bellecour, comptait une vingtaine de chapelles corporatives. En 1641, la corporation des fabriquants et ouvriers en étoffes de soie acheta des religieux Jacobins une chapelle de leur église. Elle fut dédiée à l'Assomption de Notre-Dame, fête de la corporation. La chapelle comportait un caveau dans lequel, maitres, compagnons et apprentis, pouvaient, s'ils le demandaient, être inhumés. En 1725, la Communauté de la Grande Fabrique, qui tenait jusqu'à lors ses assemblés dans une salle de l'Hôtel de Ville, devint propriétaire d'un terrain contigu à sa chapelle et y fit édifier pour elle une maison qui coûta environ cent mille livres. Elle fut décorée de balcons et d'ornements dus au sculpteur Michel Perrache, père du célèbre architecte qui créa le quartier au sud de Bellecour, entre Rhône et Saône. L'immeuble ne comportait que deux étages. Beaucoup de ses ornements disparurent lorsque la maison fut surélevée au début du XIVe siècle. M. Justin Godart a ainsi décrit la disposition intérieure de la maison des fabriquants : "A chaque étage il y avait cinq pièces dont une fort grande ayant trois fenêtres : au premier cette pièce servait aux assemblées et réunions diverses ; au second elle était occupée par les métiers, par les chefs-d'oeuvre. Les archives se trouvaient dans une des pièces donnant sur la rue et occupant la quatrième fenêtre. Sur l'escalier s'ouvrait un espace assez grand qui servait de salle d'attente ; les autres pièces sur la cour étaient réservées aux maitres-gardes et au secrétaire de la Communauté. Les métiers servant à l'exécution des chefs-d'oeuvre pour les brevets de maitrise étaient au nombre de six : trois montés en tissus unis taffetas, satin et velours plein et trois montés en façonnés dont un en satin broché ou liseré, un en taffetas ou gros velours broché et le troisième en damas courant. Une sorte de musée industriel contenant des types de métiers et des modèles de mécaniques servant à la fabrication des étoffes de soie était installé dans une des salles du premier étage." L'édit royal de janvier 1777, qui supprimait les corporations, et celui de mars 1779 décrétant la liquidation de leurs biens amenèrent la Communauté de la Grande Fabrique à vendre son logis de la rue Saint-Dominique. Elle alla s'installer, comme un demi-siècle auparavant, dans une salle de l'Hôtel de Ville mise par le Consulat à sa disposition. M. [Émile] Leroudier, dont on connait la science de tout ce qui touche à l'histoire de la soierie lyonnnaise, porte sur l'oeuvre corporative dont l'Hôtel des Fabriquants fut le théâtre le jugement suivant : "Pendant son existence d'un demi-siècle, le bureau de la rue Saint-Dominique fut le foyer commun de tous les membres de notre industrie. C'est là que le compagnon ouvrier ou employé, après avoir fait son chef-d'oeuvre, recevait les lettres de maitrise qui lui permettaient de travailler à son compte, soit comme maitre-ouvrier ayant son métier à lui, soit comme fabricant ou maitre marchand ; c'est là que furent essayées et encouragées les nombreuses inventions qui devaient peu à peu transformer l'ancien métier à tire et préparer la voie à l'ingénieuse adaptation de Jacquard. C'est dans ce bureau que furent conçus et élaborés les règlements de 1737 et 1744 régissant la corporation ainsi que les tarifs successifs qui lièrent fabricants et ouvriers. C'est là que fut terminée la si terrible grève de 1744, là que furent étudiés les remèdes à apporter aux nombreuses crises qui, au cours du XVIIIe siècle, désolèrent notre industrie. En 1771 notamment, devant la grande misère du peuple, le bureau montra une initiative merveilleuse ainsi qu'on peut s'en rendre compte par une brochure publiée à son instigation sous le titre de "Moyens de pourvoir à la subsistance des pauvres ouvriers sans travaux, mis en usage à Lyon en 1771, par la Communauté des Fabriquants en étoffes d'or, d'argent et de soye de ladite ville", qui est un véritable manuel de philanthropie pratique, très détaillé, contenant jusqu'à des recettes de soupes économiques et de bouillies pour les enfants à la mamelle. Le Bureau de la Communauté de la Grande Fabrique fut en quelque sorte l'ami de notre industrie lyonnaise pendant plus d'un demi-siècle. Le Musée du Vieux Lyon possède un intéressant souvenir qui figura autrefois dans le mobilier du logis de la Fabrique. C'est le coffre en noyer sculpté qui servait à renfermer les titres et les papiers de la corporation. Oeuvre du maitre sculpteur lyonnais Nicolas Lefebvre, il présente en bas-relief, sur le panneau antérieur, une Assomption de la Vierge, avec la date : 1679. La Vierge est debout dans les nuages. De petits anges sont agenouillés à ses côtés, d'autres voltigent et tiennent une couronne suspendue sur sa tête. Deux écussons aux armes de la corporation des maitres marchands et maitres ouvriers en drap d'or, d'argent et de soie s'ornent de la fleur de lis et portent les insignes corporatifs : grattoir et rabot de veloutier, pince et paire de forces, navette. Diverses lettres de maitrise, reçus et certificats établis et signés dans l'Hôtel de la rue Saint-Dominique furent également au Musée de Gadagne non loin du métier à grande tire leur contemporain. Source : "L'ancienne maison de la soie" / Du Vernay [Martin Basse], 1928.

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