La Première Guerre mondiale sur les murs. 14-18 en 33 affiches.
En ce début de XXe siècle où apparaissent de manière balbutiante les médias modernes, l’affiche reste le principal vecteur d’information et de communication. Bien plus que la lecture de la presse exigeant de son destinataire une démarche volontaire, l’affiche s’offre spontanément au regard de tous à chaque pas et à tout coin de rue. Cette capacité à susciter l’intérêt de son spectateur ne va pas être ignorée des pays engagés dans le premier conflit mondial. En France certaines affiches seront tirées à 150 000 voire 200 000 exemplaires là où le tirage moyen d’une affiche commerciale était avant-guerre 3 000 à 5 000 unités. Les thèmes et objets de ces affiches présentent une grande diversité : campagnes de recrutement dans les pays où le système militaire ignore le régime de la conscription, appel au patriotisme, propagande, incitation à la participation à l’effort de guerre par la souscription d’emprunts d’Etat, campagnes de dons et appel à la générosité publique...
La Bibliothèque municipale de Lyon conserve une importante collection de ces affiches, collectées et acquises dans le cadre de la constitution d’un Fonds de la Guerre. Cette entreprise commence dès 1915 à l’instigation du bibliothécaire Richard Cantinelli, répondant ainsi à la demande du maire de Lyon Edouard Herriot. Achats, échanges ou dons sont les moyens mis en œuvre pour rassembler ce fonds documentaire. Les affiches ne sont pas en reste, parmi lesquelles un grand nombre d’avis officiels et de placards à caractère strictement informatif.
Sans surprise, c’est la documentation alliée des forces de la Triple Entente (France, Royaume-Uni, Russie, Italie puis Etats-Unis) qui est essentiellement concernée, car bien plus aisée à se procurer que celle des pays ennemis. Ce fonds comprend ainsi, au-delà des affiches françaises, un certain nombre de pièces américaines, britanniques, italiennes ou russes, ces dernières faisant l’objet du dossier documentaire Un empire dans la tourmente.
On ne trouve malheureusement guère d’affiches allemandes ou autrichiennes, ce qui constitue une regrettable lacune, tant les styles ayant cours dans ces deux pays leur sont propres. La Bibliothèque municipale de Lyon tente de pallier cette faiblesse en faisant une priorité de l’acquisition d’affiches imprimées par les empires centraux, relativement rares sur le marché de l’art. Elle a pu ainsi acquérir en 2015 deux affiches allemandes, l’une de Louis Oppenheim (Die beste Sparkasse : Kriegsanleihe !), l’autre de Martin Lehmann (Wir schlagen sie und zeichnen kriegsanleihe !). Cette dernière, encore sous droit d’auteur, ne peut malheureusement pas être présentée dans cette anthologie.
Toutes les affiches réunies ci-dessous bénéficient d’un commentaire permettant de les replacer dans leur contexte et d’en comprendre l’intérêt. Elles constituent une sélection représentative du fonds d’affiches de la Première Guerre mondiale de la bibliothèque municipale de Lyon. Si l’émotion le dispute souvent au tragique, l’humour n’en est pas pour autant toujours absent. Au-delà de leurs messages, ces fragiles témoins de papier évoquent le quotidien des populations, les innombrables difficultés soulevées par le conflit ainsi que la volonté des Etats de maintenir un consensus autour de l’effort de guerre, en particulier auprès des populations civiles. Ils forment ainsi une trace du premier bouleversement majeur d’un XXe siècle encore en gestation.
