Caricaturiste et dessinateur de presse, Sem, de son vrai nom Georges Goursat, se retrouve correspondant de guerre pour "Le Journal" pendant le premier conflit mondial. Il prête ici son talent à la promotion du second emprunt de guerre émis par l’Etat en 1916. Cette affiche trahit les [...]
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Caricaturiste et dessinateur de presse, Sem, de son vrai nom Georges Goursat, se retrouve correspondant de guerre pour "Le Journal" pendant le premier conflit mondial. Il prête ici son talent à la promotion du second emprunt de guerre émis par l’Etat en 1916. Cette affiche trahit les habitudes artistiques de son auteur par le recours au crayon et le refus de la couleur. C’est là l’une des particularités des affiches de guerre illustrées françaises que d’être généralement signées par des dessinateurs de presse comme Faivre, Poulbot Willette, Steinlen ou dans le cas qui nous intéresse, Sem. L’artiste reprend un motif souvent exploité au cours de la guerre, celui de la nation fédérée et rassemblée en 1792 pour lutter contre les armées étrangères, et notamment prussiennes. En utilisant l’imagerie nationale de "La Marseillaise ou le Départ des volontaires de 1792", le célèbre groupe sculpté par François Rude ornant la pile nord de la face est de l’Arc de Tromphe, Sem fait lui aussi allusion à la mobilisation de la nation contre les armées allemandes, jadis celles du duc de Brunswick, aujourd’hui celles du kaiser. Il convoque les images héroïques des prédécesseurs révolutionnaires et de leurs héritiers de l’Empire en une irrépressible farandole qui les amène à se joindre puis à se confondre avec les poilus défilant sous l’Arc de Triomphe, axe de convergence des gloires nationales. Il est difficile de ne pas y voir une préfiguration du Défilé de la Victoire qui se tiendra au même endroit le 14 juillet 1919, mais auquel participeront les corps d’armée des nations alliées, l’armée française fermant la marche. "Qui a vu ce jour a vécu" confiera le même soir Clemenceau à Pétain, qui venait de recevoir son épée de maréchal de France quelques jours auparavant.
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