Figure importante du marché de l’art parisien, Edmond Sagot (1857-1917) s’établit en tant que libraire en 1881, avant d’étendre son activité au commerce de l’estampe, en particulier d’eaux-fortes et de lithographies modernes et contemporaines. Il devient également éditeur de gravures, mais c’est sa domination écrasante du marché de l’affiche qui lui vaut une réputation et un rôle central auprès des collectionneurs. Considéré comme un esthète promoteur de l’affiche comme objet d’art digne d’être collectionné, Sagot se montre également un redoutable marchand, qui sait alimenter et organiser le marché de l’"affichomanie" naissante, au tournant des années 1880-1890. Devenu expert en la matière, il est le premier à éditer un catalogue spécialisé en affiches en 1891. Sa position de quasi-monopole lui permet de pratiquer des prix très élevés auprès de sa clientèle, constituée des plus grands amateurs de l’époque comme Georges Pochet ou Gustave Dutailly. Sa renommée et sa connaissance des artistes permettent à Sagot de leur demander la création d’affiches faisant la publicité de son propre commerce. Créées par des artistes réputés parmi lesquels Jules Chéret, Félix Vallotton ou Georges Bottini, ces affiches deviennent elles-mêmes objet de collection. Cette belle lithographie de Paul Helleu, imitant un crayonné à la sanguine, nous présente une dame s’adonnant aux plaisirs du dessin. Le collectionneur lyonnais Legendre, possesseur de cet exemplaire avant qu’il ne le lègue à la ville de Lyon en 1908 avec l’ensemble de sa collection, figurait lui-même parmi la clientèle d’Edmond Sagot. Le cachet du marchand apposé sur certaines affiches de l'amateur, comme celle de Dudley Hardy pour la pièce de théâtre The Grand Duke, en est le témoignage.

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