"La plus terrifiante et sensationnelle attraction de notre époque". C’est en ces termes que le
Rappel Républicain de Lyon du 30 novembre 1904 qualifie le spectacle donné par la jeune cascadeuse Mauricia de Tiers, âgée de 24 ans. Née Anaïs-Marie Bétant en 1880, elle devient [...]
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"La plus terrifiante et sensationnelle attraction de notre époque". C’est en ces termes que le
Rappel Républicain de Lyon du 30 novembre 1904 qualifie le spectacle donné par la jeune cascadeuse Mauricia de Tiers, âgée de 24 ans. Née Anaïs-Marie Bétant en 1880, elle devient artiste de cirque en 1900 et se retrouve au volant de l’Auto-bolide, un des numéros d’acrobatie les plus… renversants de l’époque. Le spectacle a pour cadre une pente inclinée à 80 % et recourbée à son extrémité à la manière d’un point d’interrogation renversé. En face de l’extrémité de cette pente se trouve, à une distance de 18 m, un autre plan incliné en demi-boucle se terminant en pente douce. L’exercice consiste tout simplement à dévaler le premier plan incliné en utilisant la vitesse de l’automobile pour passer sur le second, non sans avoir effectué au passage un spectaculaire saut périlleux. La presse enthousiaste de l’époque ne donnant aucune explication à ce qui constitue un remarquable défi aux lois élémentaires de la gravité (sans doute est-il permis de suspecter la présence d’un rail servant de guide…), il nous faut nous contenter de savoir que
"l’auto s’arrête doucement. Dans un froufrou de soie et de dentelles – car l’audacieuse artiste s’habille comme une reine… de Paris – Mlle Mauricia de Tiers descend toute souriante, avec dans les yeux la petite flamme qu’y allume le triomphe. Et c’est alors sur tous les bancs, un crépitement d’applaudissements, une tempête de bravos…" selon le
Progrès illustré du 27 novembre 1904. Après un formidable succès obtenu à Paris aux Folies-Bergère, le spectacle est organisé à Lyon par le cirque Bureau dans l’immense hippodrome de l’avenue du Maréchal-de-Saxe. L’énorme matériel de l’attraction est ensuite démonté pour prendre la route de Berlin puis New York. Après avoir épousé en 1916 le critique d’art Gustave Coquiot, Mauricia de Tiers fréquente les artistes les plus en vue de Paris, en particulier Suzanne Valadon mais aussi Picasso, Dufy, Chagall, Utrillo ou Bonnard. Celle qui a été surnommée la "femme-bilboquet" poursuit un destin peu commun en devenant en 1945 maire de la commune d’Othis en Seine-et-Marne, poste qu’elle occupera jusqu’à sa mort en 1964.
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