Peintre, dessinateur, décorateur, architecte, illustrateur, Eugène Grasset s’est également essayé au genre bien spécifique de l’affiche. Sa production dans ce domaine a d’autant plus séduit le public et les collectionneurs qu’elle a été peu nombreuse. S’il est difficile pour un collectionneur de parvenir à réunir le millier d’affiches dessinées par Chéret, il n’en va pas de même pour les œuvres de Grasset. Cet élément, combiné à leurs évidentes qualités esthétiques, à contribué à attiser les convoitises des amateurs. Parmi les créations de Grasset, il en est quelques unes qui deviennent ainsi, selon Louis Gonse, « avec certaines affiches de Chéret et de Lautrec, les « rarae aves » [oiseaux rares] de toute collection d’affiches ». Cette lithographie créée en 1887 pour la Librairie Romantique de Monnier ajoute une troisième donnée qui va faire d’elle un ardent objet de convoitise dans les dernières années du siècle finissant. Après la disparition de la librairie Monnier, survenue peu de temps après la conception de l’affiche, les exemplaires disponibles sont mis au pilon, provoquant un phénomène de rareté accentué par l’engouement dû à la beauté de la lithographie. La cote de l’affiche chez les marchands spécialisés passe ainsi de trois francs en 1891 à une quinzaine en 1896, somme alors considérable à l’époque. Le marchand d'estampes parisien Edmond Sagot, commercialement intéressé par la promotion de l'oeuvre, n’hésite pas à voir en elle « un des chefs-d’œuvre de l’affiche contemporaine et la pièce maîtresse de Grasset », justifiant ainsi les prix du marché et... les folles dépenses des collectionneurs.

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