La rue Lyonnaise illustrée par Giranne : (...) - numelyo - bibliothèque numérique de Lyon
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    La rue Lyonnaise à la fin du XIXe siècle vue à travers les illustrations de Girrane dans le Progrès illustré

    Transformations urbanistiques et vieux quartiers

    Au XIXe siècle, le thème de la rue a énormément suscité l’intérêt des gens du temps, ce qui a fait dire à John Grand-Carteret : Le XIXe siècle a créé la rue ! (Le XIXe siècle (en France), classes mœurs, usages, costumes, inventions, Paris, Firmin-Didot, 1893). On le retrouve dans la production artistique de l’époque, chez les peintres, les photographes, les littérateurs, poètes et écrivains, et aussi chez les journalistes et les illustrateurs.

    L’intérêt du temps pour la ville et la rue a notamment été motivé par les grands chantiers de réaménagement des rues. De tels projets voient le jour à Paris, avec le baron Haussmann , mais aussi à Marseille, Orléans, Lille, Rouen et à Lyon.

    On s’intéresse alors à ces rues en pleine mutation témoins du passé et protagonistes de l’avenir. On s’attache à sauvegarder pour les générations futures des témoignages du pittoresque des vieux quartiers. Ou bien on porte en exergue la modernité. On observe et on étudie les mœurs de ses contemporains. On dénonce aussi la pauvreté et la misère.

    Alors que la majorité des journaux régionaux relaient la presse nationale et internationale, à Lyon, le Progrès illustré affirme sa différence en concentrant son information sur la région lyonnaise. Ainsi, chaque semaine, pour illustrer l’actualité régionale, le supplément illustré du Progrès propose à ses lecteurs des cravures originales du dessinateur Gustave Garnier , dit Girrane.

    Confirmant l’intérêt pour le thème de la rue et la volonté du Progrès de mettre en images l'identité locale, s’incèrent, parmi les dessins d’actualité, des rubriques offrant aux lecteurs des dessins des quartiers de Lyon. Girrane nous permet ainsi de déambuler dans le Lyon de la fin du XIXe siècle, tantôt moderne et distingué, tantôt insolite et pittoresque. Les illustrations et les commentaires qui les accompagnent parfois racontent au lecteur l’histoire de ces quartiers. On découvre alors une ville en mutation transformée par les travaux de réaménagement des rues du centre-ville réalisées dans les années 1850, en somme la modernité en marche. Ou au contraire, ce sont les pittoresques quartiers du Vieux-Lyon que l’on parcourt. C’est aussi l’occasion, au détour d’un carrefour ou d’une place de découvrir un monument ou un édifice, de souligner les constructions plus ou moins récentes, ou au contraire, de rappeler un bâtiment ou un monument disparu. La ville revêt ainsi plusieurs visages. Le présent et le passé du XIXe siècle se rencontrent et se font face.

    Une ville en mouvement : mutations urbanistiques et modernité

    Les grands travaux

    
					(Revue d’août. Démolitions et grand travaux. (Progrès illustré, 12/09/1897) 
					(Revue d’août. Démolitions et grand travaux. Détail. (Progrès illustré, 12/09/1897) 
					(Revue d’août. Démolitions et grand travaux. Détail. (Progrès illustré, 12/09/1897) Dès la prise de pouvoir de Napoléon III , le 2 décembre 1852, de grands travaux de rénovation urbaine sont engagés. Ils sont lancés essentiellement à Paris mais aussi dans d’autres grandes villes de France. À Lyon, le percement de la rue Impériale, aujourd’hui rue de la République, est l’un des projets les plus spectaculaires entrepris en province. Une gravure du numéro du 12 septembre 1897 est l’occasion pour le dessinateur Girrane de traiter le sujet avec humour.

    On a souhaité à la fois assainir et moderniser les vieux quartiers étroits et insalubres du cœur médiéval de la ville, améliorer les voies de communication en ouvrant de grandes artères aérées et, en même temps, déplacer les classes « dangereuses » vers les faubourgs de la ville afin d’éviter de nouvelles insurrections comme celles provoquées par les canuts en 1831 et 1834. Selon le rapport du 20 novembre 1857 du préfet-maire Claude-Marius Vaïsse , le coordonateur du projet, ce ne sont pas moins de douze mille personnes qu'il a fallu déplacer pour la création de la rue Impériale.

    Les travaux ont touché principalement le centre de la Presqu’île, c’est-à-dire un des secteurs les plus anciennement bâtis de la ville, que l’on dénomme traditionnellement à l’époque, le Vrai Lyon . Les vieux quartiers ont alors laissé place à des quartiers modernes et bourgeois.

    
				  (La rue et la place de la République. (Progrès illustré, 01/03/1891) 
				  (La rue et la place de la République. (Progrès illustré, 30/10/1898) 
				  (La place Bellecour. (Progrès illustré, 08/03/1891) 
				  (Le passage de l’Argue. Une averse. (Progrès illustré, 10/12/1893) 
				  (Le Palais du commerce. (Progrès illustré, 15/03/1891) On peut suivre certaines évolutions des quartiers du centre-ville de Lyon remodelés par les grands travaux grâce aux dessins de Girrane. Dans le numéro du 1er mars 1891 et du 30 octobre 1898, on découvre par exemple des vues de la fameuse rue de la République. Elle fut percée en 1854 et 1855 pour relier la place Bellecour à la place de la Comédie selon le tracé qu’on lui connaît aujourd’hui. Ces illustrations représentent également, au premier plan, la place de la République, créée lors des travaux de réaménagement. Donnant sur la place de la République, le passage de l’Argue trouve aussi sa place dans les pages du journal. Il est le seul des passages percés au XIXe siècle qui subsiste encore aujourd’hui. Une représentation de la fameuse place Bellecour, au milieu de laquelle s’élève déjà la statue équestre de Louis XIV, est aussi insérée dans le numéro du 8 mars 1891. On remarquera, qu’à la fin du XIXe siècle, l’esplanade était, comme le précise le commentaire, plantée de platanes et de marronniers, ornée de bassins, de jets d’eau et de jardins. Enfin, dans le Progrès du 15 mars 1891 on retrouve des planches représentant le palais du Commerce et de la Bourse inauguré en 1860 pendant les travaux de réaménagement, il donne sur la place de la Bourse et la place des Cordeliers. Le tracé de ce quartier n’a guère changé depuis les travaux de réaménagement du XIXe siècle. Aussi les dessins de Girrane ont un air familier.

    La rue de la République a été percée en 1855 et 1856 pour réunir la place de la Comédie et la place Bellecour. Cette superbe voie compte 22 mètres de large et 1,200 de longueur. Notre gravure représente encore la place de la République, à l’époque où le joli jardin à la française qui en fait l’ornement est en pleine floraison.

    (Progrès illustré,1er mars 1891)

    La physionomie de la place de la République, déjà modifiée en 1894 par le percement de la rue Président-Carnot, vient d’être complètement transformée. Jardins, bassins, fontaines jaillissantes, arbres au feuillage léger qui faisaient de cette place un si merveilleux décor, sont tombés sous la pioche et la hache impitoyables des démolisseurs. On construit, en ce moment, un monument en l’honneur du Président Carnot. Les grandes douleurs, dit-on, sont muettes ; j’ai peur que ce témoignage pompeux de la douleur des Lyonnais soit en contradiction avec le caractère modeste et sage de l’homme éminent que nous pleurons.

    (Progrès illustré, 30 octobre 1898)

    Bellecour, cette vaste et superbe esplanade dont les Lyonnais sont justement fiers, occupe une surface de six hectares. Au milieu s’élève la statue équestre de Louis XIV, par le sculpteur lyonnais Lemot. Plantée de platanes et de marroniers, ornée de bassins, de jets d’eau et de jardins, la place Bellecour est la promenade favorite de nos concitoyens.

    (Progrès illustré, 8 mars 1891)

    Le palais du Commerce et de la Bourse a été inauguré en 1860. Il a deux façades qui rivalisent de magnificence, l’une sur la place de la Bourse, l’autre sur la place des Cordeliers. La salle de la Bourse occupe le centre de l’édifice. Elle est décorée de huit statues en pierre représentant les quatre éléments et les quatre saisons par MM. Bonnassieux, Fabisch et Roubaux.

    (Progrès illustré, 15 mars 1891)

    Transformations urbaines et architecturales

    
					(La nouvelle préfecture du Rhône. (Progrès illustré, 14/02/1892) 
					(Le Théâtre des Célestins. (Progrès illustré, 15/03/1891) Moins spectaculaire que les travaux de réaménagement du centre-ville, Girrane donne dans certains numéros du Progrès illustré des représentations de nouveaux monuments ou rappelle des changements survenus dans les rues de la cité rhodanienne plus ou moins récemment. Par exemple, le 14 février 1892, il donne un dessin de la nouvelle préfecture du Rhône et évoque le bal organisé par le préfet pour son inauguration. Le théâtre des Célestins, non loin de la rue de la République, fait également l’objet d’un article dans le numéro du 15 mars 1891. Le journaliste nous rappelle qu’il fut construit à l’emplacement même de l’ancienne église des religieux Célestins. Il fut ensuite détruit le 1er avril 1871 par un incendie. Un superbe monument , inauguré en 1877, fut reconstruit à sa place.

    Modernité et grands magasins

    L’histoire des rues de Lyon racontée par les dessins de Girrane ne se limite pas aux modifications architecturales et urbanistiques. Le dessinateur montre aussi une société en évolution où la modernité avance. Telle une vitrine, la rue et les magasins qui la jalonnent témoignent des progrès techniques et de l’industrialisation.

    
			  (Le nouveau funiculaire de Croix-Paquet à la Croix-Rousse. (Progrès illustré, 03/05/1891) 
			  (À l’Avenir de Lyon. (Progrès illustré, 03/10/1897) Quelques semaines après l’ouverture du nouveau funiculaire qui relie la Croix-Paquet à la Croix-Rousse, le Progrès illustré propose une illustration de Girrane représentant la nouvelle gare sur la place Croix-Paquet (le 3 mai 1891). Ce dessin est l’occasion de représenter également les deux autres funiculaires de Lyon, celui reliant Saint-Jean à Saint-Just et celui reliant la rue Terme à la Croix-Rousse (fermé le 31 décembre 1967). Le commentaire souligne avec emphase la supériorité de Lyon sur Paris qui ne possède qu’une ficelle à Belleville et encore ne fonctionne-t-elle pas !

    Un autre aspect de la ville moderne est le développement de grands magasins. Ceux que l’illustrateur Girrane représente ont profité de la rénovation des quartiers du centre-ville pour s’installer dans les nouveaux. Plusieurs illustrations sont consacrées à Á l’Avenir de Lyon , un grand magasin de prêt-à-porter à des prix défiant toute concurrence . Le commentaire du numéro du 3 octobre 1897 précise que cette grande maison de nouveautés est située à l’angle du cours Lafayette et de l’avenue de Saxe. Et le journaliste d’expliquer avec emphase que ces grands magasins sont l’avant-garde de la ville future, du Lyon du XXe siècle.

    
			  (À l’Avenir de Lyon. (Progrès illustré, 20/03/1898)

    […] Le promeneur qui, pour la première fois, s'arrête devant les Magasins de l'Avenir de Lyon est frappé par l'architecture monumentale et les proportions grandioses de la façade.

    Ces avantages inappréciables ont contribué largement au développement exceptionnel des magasins A l'Avenir de Lyon et nous ne surprendrons personne en ajoutant que l'accroissement continuel d'une clientèle sérieuse et de plus en plus nombreuse a été le résultat mérité des infatigables efforts de M. Victor Pellet dont l'activité et les connaissances commerciales ont fait de l'Avenir de Lyon la maison de détail sans rivale de la rive gauche.

    De vastes étalages savamment ordonnés offrent aux regards du passant les marchandises les plus riches et les plus variées à des prix défiant toute concurrence.

    L'entrée principale, d'un effet remarquable, et la grande superficie des magasins frappent tout client qui les visite.

    La disposition intérieure permet néanmoins d'embrasser d'un seul coup d'oeil tous les rayons, où s'étalent, dans un ordre parfait, les dernières nouveautés de ce que le génie de la mode a su créer pour garder à la France sa réputation de Reine de l'élégance et du bon goût.

    (Progrès illustré, 3 octobre 1897 )

    Trois bâtiments de la place de la République font aussi l’objet d’un article dans le numéro du 30 octobre 1898. La Grande maison qui est un grand magasin, est décrite et représentée. On découvre aussi la direction générale lyonnaise de la Mutual life la plus ancienne compagnie d’assurances sur la vie des Etats-Unis (1843) et la plus importante du monde entier , comme le précise le commentaire. Enfin, le magasin de la compagnie du gaz qui expose des appareils pour l’éclairage ou le chauffage fonctionnant au gaz ou à l’électricité est aussi dépeint.

    La Grande maison

    
			  (La Grande maison. (Progrès illustré, 30/10/1898) […] La Grande maison qui pendant trente ans avait su attirer et retenir sa clientèle fidèle, place des Jacobins, n’a pas hésité à venir place de la République.

    Son installation moderne digne de cet établissement de premier ordre et son ancienne réputation, lui ont valu les félicitations de sa vieille clientèle et de fréquentes visites de nouveaux acheteurs. Enchantés qu’ils étaient et qu’ils sont de trouver une organisation unique, toutes les commodités désirables et surtout un jour excellent pour le choix des étoffes, en un mot tout ce qu’il faut pour répondre aux desiderata d’une clientèle aussi nombreuse que fidèle

    La Mutual life

    
			  (La Mutual life. (Progrès illustré, 30/10/1898) Un des plus beaux immeubles de la rue Président-Carnot avec pavillon formant angle sur la place de la République, est occupé par la direction régionale lyonnaise de la Mutual life, la plus ancienne compagnie d’assurance sur la rive des Etats-Unis (1843), et la plus importante du monde entier.

    En France, on a été long a se mettre dans la tête que l’assurance sur la vie est la forme de l’épargne la plus avantageuse pour l’assuré, quelle que soit sa condition sociale, et la plus fructueuse pour ses héritiers.

    On peut affirmer que le succès toujours grandissant de l’assurance sur la vie en France, date de l’installation des Grandes Mutuelles américaines, qui ont révélé au public les véritables avantages de la mutualité en matière de prévoyance. L’esprit ingénieux et pratique des Américains se reconnaît bien vite dans la libéralité de leurs contrats, la variété des combinaisons offertes aux assurés, l’intelligente compréhension de leurs besoins. Les résultats prodigieux obtenus par ces grandes compagnies, les bénéfices superbes distribués, plus spécialement par la Mutual life, les garanties absolues qu’elles donnent aux adhérents et fortifie le rigoureux contrôle du Département des assurances aux Etats-Unis ont enfin dessillé les yeux aux plus aveugles, conquis les plus réfractaires.

    Le Gaz de Lyon

    
			  (La Compagnie du gaz. (Progrès illustré, 30/10/1898) La Compagnie du gaz a installé son luxueux magasin de ville, dont l’éclairage flamboyant illumine chaque soir tout le quartier, dans un immeuble admirablement situé ; […].

    Dans l’intérieur du magasin de la compagnie et dans les vitrines, une exposition permanente de tous les appareils nouveaux, soit pour l’éclairage par le gaz et l’électricité, et le chauffage, offrent aux visiteurs et à la clientèle un choix des plus varié.

    Dès que vient le mois d’octobre, les citadins désertent de plus en plus les rues, leur boue et leurs brouillards. Ils aiment plus que jamais leur maison et il s’ingénient à la rendre confortable. Nombreux sont ceux qui les y aident. Le gaz fait beaucoup à lui seul, se pliant aux mille besoins de l’éclairage, du chauffage et de la cuisine, se glissant dans des appareils peu encombrants et de toute sécurité. […]

    (Progrès illustré, 30 octobre 1898)

    
			  (La Chapellerie populaire. (Progrès illustré, 25/10/1896) 
			  (Le Tailleur pauvre.. (Progrès illustré, 05/04/1896) La chapellerie qui est avec l’industrie de la soie l’une des plus importantes industries de Lyon évolue également. Dans le numéro du 25 octobre 1896, un article signé Sincère nous décrit La Chapellerie populaire , l’une des plus grandes chapelleries de Lyon. On apprend que le chapeau se démocratise et que désormais on peut s’en procurer pour 3 francs 60. Le journaliste s’étonne de ce prix si bas et ne parvient pas à répondre à cette question fort irritante pour la plupart de nos jolies modistes lyonnaises . On ressent la réticence du journaliste face à l’entrée dans l’ère industrielle qui menace les modistes traditionnelles. Son étonnement se ressent d’autant plus lorsqu’il signale au lecteur qu’à partir du 27 octobre la maison organise une distribution gratuite de chapeaux d’hommes jusqu’à épuisement total du stock. Si ce n’est pas du marketing ça ! Une illustration de Girrane appuie le commentaire en représentant l’extérieure d’une des deux boutiques de cette chapellerie d’un nouveau genre. Dans le même ordre d’idée, le journaliste décrit l’épanouissement fulgurant du commerce du Tailleur pauvre qui propose des vêtements à bon marché (numéro du 5 avril 1896). L’apparition de ces nouveaux magasins accompagnent la métamorphose des quartiers du centre de la presqu’île qui de vieux quartiers ouvriers aux rues tortueuses et sombres deviennent de grandes artères aérées vitrines de la modernité et de l’industrialisation.

    Vieux monuments et vieux quartiers

    D’autres lieux ou monuments dessinés par Girrane paraîtront peut-être un peu moins familiers aux lyonnais. En effet, l’illustrateur nous donne aussi à voir les rues tortueuses et pittoresques des vieux quartiers de Lyon. Il représente également d’anciens monuments qui, déjà à son époque, n’existent plus. Les reproductions du dessinateur sont alors de précieux témoignages, destinés aux générations futures, d’un patrimoine lyonnais en train de disparaître.

    Mémoire du passé disparu

    Certaines illustrations de Girrane consistent en quelque sorte à sauvegarder des témoignages du passé de la cité rhodanienne. En effet, elles représentent parfois des monuments totalement disparus au moment où l’article est publié, ou bien elles donnent une représentation de bâtiments sous une forme plus ancienne, avant leur rénovation.

    
				  (L’ancienne porte Saint-Clair. (Progrès illustré, 04/01/1891) Dans le numéro du 4 janvier 1891 du Progrès illustré, Girrane donne par exemple une vue pittoresque des vestiges de l’ancienne porte Saint-Clair qui, comme le précise le commentaire, ont été détruits en 1852, lors de la réunion de la Croix-Rousse à Lyon. Cette porte datait du début du XVIIe siècle et était située à côté du moulin de Saint-Clair, représenté à gauche de l’image. Ce moulin existait encore au XIXe siècle mais en temps que dernier survivant des moulins qui jalonnaient le Rhône, il était, aux dires du commentateur, en bien mauvais état.

    
							(Le Vieux pont de pierre. (Progrès illustré, 01/02/1891) Dans le numéro du 1er février 1891, on peut découvrir une représentation du Vieux pont de Pierre. Ce pont fut le premier pont construit sur la Saône. Il datait d’environ 1070 et reliait la rue Mercière et l’église Saint-Nizier à la place du Change, au cœur du Vieux-Lyon. Il était composé de huit arches mais une seule, à proximité de la rive gauche, permettait le passage des navires. Elle était surnommée l’Arche merveilleuse ou des merveilles ou encore le rapide de la mort qui trompe. Les entrées du pont étaient couvertes de maisons hautes qui abritaient principalement des boutiques d’orfèvres. Une chapelle fut érigée en son centre et remplacée au début du XIXe siècle par un édicule destiné aux pompiers. Le Vieux pont de Pierre fut démoli vers 1845 et remplacé par un nouveau pont bâti quelques mètres en aval appelé pont du Change, anciennement pont de Nemours. Ce deuxième pont sera détruit en 1974 et remplacé par le pont Maréchal Juin construit 200 m en aval.

    
							(Le L’hôtel des deux chèvres. (Progrès illustré, 18/01/1891) L’illustrateur Girrane s’attache aussi à représenter certains monuments dans une forme ancienne. La rubrique des Choses lyonnaises du numéro du 18 janvier 1891 montre une vue de L’hôtel des deux chèvres. Comme l’explique le commentaire, il s’agit d’une auberge située au fond du cours Gambetta […] où, moyennant quelques sous, les pauvres diables en quête de domicile trouvaient asile pour la nuit. Aujourd’hui, la maison a perdu en partie sa physionomie. On l’a réparée et embellie. Il nous a semblé intéressant de retracer par un dessin l’aspect primitif de ce coin bien connu des Lyonnais.

    
							(L’Ancien pont Morand. (Progrès illustré, 22/02/1891) 
							(Le pont de la Guillotière. (Progrès illustré, 05/02/1899) Plusieurs ponts de Lyon sont aussi représentés dans un aspect ancien. On retrouve, par exemple, le pont Morand du nom de son architecte Jean-Antoine Morand (22 février 1891). L’ancien pont Morand était un pont en bois. Jusqu’en 1865, il fallait que les lyonnais payent un péage pour le traverser. La troupe, la gendarmerie, les courriers du gouvernement, les élèves des collèges, des séminaires et de l’école vétérinaire étaient seuls dispensés de payer le péage. Le pont de bois fut démoli en août 1886. Le nouveau pont Morand fut inauguré le 14 juillet 1890. Dans le numéro du 5 février 1899, Girrane propose aux lecteurs une sorte d’avant-après en représentant deux vues du pont de la Guillotière, l’une du XVIIe siècle, l’autre du XIXe. La seconde ressemble fortement à l’image du pont actuel. En revanche la première nous semble tout droit sortie du Moyen-âge avec cette tour carrée qui s’élève au milieu du pont et qui protégeait un pont-levis. L’entrée du pont représentée sur l’image comportait aussi une porte flanquée de deux tours rondes et accompagnées d’une chapelle, d’un corps de garde et d’une barrière.

    Ballade dans les vieux quartiers de Lyon

    Au fil des numéros, Gustave Girrane et Félix Desvernay proposent aux lecteurs du Progrès illustré des sortes de reportages consacrés aux vieux quartiers de Lyon. Les journalistes nous convient à une ballade au cœur de ces rues étroites et tortueuses remplissant leur devoir de mémoire envers ces lieux, d’après eux, en train de disparaître.

    Fourvière

    Le quartier de Fourvière se trouve au sommet de la colline du même nom. Il domine le quartier médiéval et renaissance du Vieux-Lyon. Située à l’ouest de la ville, la colline est contournée à son pied par la Saône.

    C’est au sommet de cette colline que le lieutenant de César, Lucius Munatius Plancus, fonda la colonie de Lugdunum, vers 43 av. J.-C.

    Ce n’est pas sans être envahi par les antiques souvenirs que nous allons gravir la colline de Fourvière. Parcourir ses montées et ses chemins, fouler le sol de la vieille cité. N’est-ce point ici le Lugdunum de nos père ?

    On sait que Jules César avait établi, sous le commandement d’un de ses lieutenants, Marc Antoine, un vaste camp sur le Massif du Mont-d’Or et que 43 ans avant Jésus-Christ ce fut Lucius Munatius Plancus qui lui succéda. Ce dernier, qui ne se contentait pas d’être un soldat valeureux, ne dédaignait pas les Muses et s’honorait de l’amitié de Cicéron et d’Horace. C’est lui qui fonda Lugdunum. A cette époque éclatèrent des troubles à Vienne, une partie des habitants, tous colons romains, fut chassée par la faction victorieuse d’origine gauloise.

    Les fugitifs virent chercher asile auprès de Munatius Plancus. D’après un ordre du sénat, ce dernier les installa sur les hauteurs de Saint-Just et de Fourvière et leur assura aide et protection. C’est ainsi que se trouva fondée, quarante ans avant l’ère chrétienne, une vielle qui prit le nom de Lugdunum. […]

    (Progrès illustré, 25 novembre 1894)

    L'accès au quartier de Fourvière depuis le Vieux-Lyon se fait par des voies plutôt raides qui sont même parfois des escaliers. Dès lors, on comprend qu’on leur ait donné le nom de montées.

    Dans les articles du Progrès illustré que Gustave Girrane consacre à ce quartier, quelques unes de ces montées sont représentées. C’est le cas de la montée Saint-Barthélemy ( numéro du 25 novembre 1894), qui conduit de Saint-Paul à la place de l’Antiquaille, et de la montée du Chemin-neuf ( numéro du 17 mars 1895). Ce dernier numéro donne une vue de la montée de l’Antiquaille au sommet de laquelle on aperçoit Notre-Dame de Fourvière. La montée de l’Antiquaille rejoint la montée Saint-Barthélemy à un carrefour, au sommet de la colline.

    
						  (La montée Saint-Barthélemy. (Progrès illustré, 25/11/1894) Plusieurs chemins conduisent à Fourvière : la montée Saint-Barthélemy, la montée du Chemin-neuf et la célèbre montée du Gourguillon […].

    Traversant le pont de la Feuillée et la rue Octavio-Mey, nous arrivons au bas de la montée Saint-Barthélemy. Elle s’élargit à cet endroit et offre un spectacle vraiment pittoresque : à gauche, c’est la maison dite de Henri IV à cause probablement du buste souriant qu’on peut voir dans une de ses niches, et qui n’est autre que le Vert-Galant. On l’appelle aussi la maison de François Ier. Quoiqu’il en soit, elle offre bien l’aspect d’une maison princière, digne d’avoir eu pour hôtes deux de nos rois de France. Elle a fort bon air avec sa cour d’honneur, ses galeries et ses curieux petits balcons de la façade. A travers ses arcades admirablement découpées, on aperçoit son grand escalier en spirale. La courbe de sa rampe autour d’une colonne centrale, offre à l’œil une gracieuse perspective. L’intérieur était autrefois richement décoré. Cette maison seigneuriale était autrefois habitée par les changeurs de la rue Juiverie, où elle a son entrée principale. […]

    Le dessin de tête représente le bas de la montée Saint-Barthélemy et la belle archtecture de la maison d’ Henri IV . Le curieux escalier y est très distinct et on peut le gravir par la pensée jusqu’au combles, élevées de sept étages. C’est là qu’un artiste célèbre pour ses effets de neige avec soleil rouge, souvent copiés, avait élu domicile. Nous voulons parler du peintre Chenu. Un autre maître y avait établi ses pénates, le fameux fusainiste Appian. C’est bien là, en effet, une demeure d’artiste ! […]

    (Progrès illustré, 25 novembre 1894)

    
						  (La montée du Chemin-neuf. (Progrès illustré, 17/03/1895) N’oublions pas de nous arrêter à mi-côte (montée du Chemin-neuf) pour admirer la silhouette du coteau de la Croix-Rousse, la ville, d’où émerge l’hôtel de ville, Saint-Pierre et des flèches de Saint-Nizier, et notons en passant un type qu’on rencontre souvent dans le quartier de Fourvière. C’est l’« Ancien curé », que les gamins appellent encore dans leur langage imagé « Plein de poux ». Avec sa figure rasée toujours soigneusement, ses vêtements en lambeaux, il porte bien les deux noms qu’on lui a donnés. A l’extrémité du Chemin-neuf, nous trouvons la place des Minimes, paisible jardin public sur lequel sur lequel s’ouvre la gare du funiculaire de Saint-Just et où prennent jour les fenêtres et la cour de l’institution de Notre-Dame des Minimes. […]

    
					  (La rue de l’Antiquaille. (Progrès illustré, 17/03/1895)

    La rue de l’Antiquaille offre une physionomie spéciale avec ses aveugles, marchands de crayons, de vue lithographiques, et autres pauvres diables qui réclament la charité publique, s’abritant le long du mur de l’hôpital Saint-Pothin. – La rue de l’Antiquaille vient rejoindre la montée Saint-Barthélemy, en face de l’hospice de l’Antiquaille. Et faisant quelques pas sur une double rampe, nous apercevons les premières boutiques d’ex-voto et de cierges de la rue Cléberg. De jeunes voix sortent comme d’un souterrain, douces et harmonieuses, exprimant des cantiques aux rythmes monotones. Descendons dans la chapelle d’où elles s’élèvent. Un grand nombre de religieuses, dont quelques unes sont assez jolies, se prosternent et gesticulent hiératiquement devant le Saint Sacrement. Elles se remplacent continuellement. C’est l’Adoration Perpétuelle.

    (Progrès illustré, 17 mars 1895)

    L’illustrateur a aussi représenté certains des escaliers qui offrent des vues imprenables sur la ville. Une représentation de l’impressionnante montée des Chazeaux qui rejoint la montée Saint-Barthélemy à partir de la rue du Bœuf est donnée dans le numéro du 16 décembre 1894. L’une des illustrations de Girrane reproduit la vue sur le quartier de Saint-Jean et sa cathédrale que l’on découvrait à son sommet ( numéro du 02 décembre 1894).

    
					  (La montée des Chazeaux. (Progrès illustré, 16/12/1894) La montée des Chazeaux s’ouvre sur la vieille rue du Bœuf, au pied du Chemin-neuf et vient ainsi aboutir à l’ancienne abbaye des Chazeaux, dont nous venons de parler. Elle s’appela jusqu’en 1846, d’un mot qui fait image, montée du Tire-Cul. C’était alors un boyau mal pavé, qu’on prenait volontiers pour s’éviter un trop grand contour. Ce fut d’abord un simple ruisseau, où l’eau coulait abondante, jaillissant d’une source qui alimentait les fontaines du quartier Saint-Jean.

    La source n’est point tarie aujourd’hui, et continue à sortir argentée du flanc de la montagne. Ajoutons qu’il est préférable de venir contempler le spectacle qui s’offre au promeneur du haut de cet escalier, en passant par la montée Saint-Barthélemy. Bien que plus court, ce chemin laisse dans les jambes une impression bien désagréable. Que quelques joueurs de boules intrépides ne les dédaignent pas pour venir s’ébattre joyeusement entre quelques murs du moyen âge, cela se comprend encore, mais il ne faut laisser s’y aventurer les pieds mignons des belles dames qui veulent monter à Fourvière par le chemin du Rosaire !

    (Progrès illustré, numéro du 16 décembre 1894)

    
					  (Vue sur le quartier Saint-Jean. (Progrès illustré, 02/12/1894) Plus loin, nous arrivons encore aux derniers escaliers d’une autre montée, celle des Chazeaux, enserrée par deux groupes de bâtiments historiques. […]

    A la trouée que forme la montée des Chazeaux, l’œil est agréablement surpris par la vue de la cathédrale, s’élançant majestueuse au-dessus des innombrables toits, d’où s’échappent, montant aussi vers le ciel, des fumées grises et bleues, pendant que dans le fond, le ciel tourmenté, mer de nuage aux vagues houleuses, se déchire par instant, montant des lambeaux d’azur. Impressionnante vision, dont le fantastique augmente d’intensité, le soir, alors que le gothique monument se fond avec les cheminées biscornues qui l’entourent.

    (Progrès illustré,02 décembre 1894)

    La montée des Carmes Déchaussés ou encore la montée du Change ont-elles aussi fait l’objet d’un dessin ( numéro du 25 novembre 1894).

    
						  (La montée des Carmes Déchaussés. (Progrès illustré, 25/11/1894) La côte des Carmes Déchaussés, à l’extrémité de laquelle se trouve l’ancien couvent des Capucins, qui lui donne son nom, offre au piéton intrépide ses larges et multiples marches d’escalier. On peut en effet gravir la colline de ce côté en prenant la montée des Anges, six-cent marches tortueuses et entre deux murs. La montée des Anges, qui n’a d’angélique que le nom, s’appela plus justement et jusqu’au XVIIe siècle le Gratte-Cul. […] Pendant tout le moyen âge, la montée des Carmes Déchaussés s’appela rue Confort, et se trouvait fermée en haut par la porte du même nom. […]

    
					  (La montée du Change. (Progrès illustré, 25/11/1894)

    La montée du Change permet de rejoindre la montée Saint-Barthélemy. A son extrémité inférieure se trouve la Loge du Change, édifice construit en 1747 par Soufflot, l’immortel auteur du Panthéon, et qui, quoique plus modeste, décèle l’empreinte de l’artiste. Cette loge succédait à une première construction devenue insuffisante et que les changeurs firent construire en 1631. Ces négociants s’y réunissaient pour discuter le taux du change. Ce n’est qu’en 1720 que le nom de change donné aux transactions financières se voit substituer celui de Bourse. La bourse de Lyon est une des plus anciennes et les affaires qui s’y traitaient furent toujours importantes, réunissant les financiers de tous pays… C’est de la place du Change, coin animé de la ville marchande, qu’elle a pris son essor.

    En 1804, la loge du Change fut affectée au culte protestant ; on fit effacer l’ancienne devise : Virtute duce, comite fortuna, qui se lisait sur le fronton, et graver au dessus de la porte principale : Eglise réformée.

    Une ruelle longe le temple protestant, jusqu’aux premières marches de la montée, c’est la rue de la Loge. On y remarque une petite tourelle du moyen âge, reste du manoir que les seigneurs d’Yzeron possédaient dans ce quartier.

    (Progrès illustré, numéro du 25 novembre 1894)

    
					  (Fourvière le 8 Décembre. (Progrès illustré, 25/12/1897) Couronnant la colline, la basilique dédiée à la Vierge Marie, la protectrice de Lyon, est située sur l’emplacement de l’ancien forum de la cité gallo-romaine de Lugdunum. C’est bien entendu l’un des monuments incontournables de la colline. Girrane en donne une représentation dans le numéro du 14 avril 1895. Il la représente également dans le numéro 26 décembre 1897 toute illuminée lors de la fête des lumières du 8 décembre.

    		
			  (La Basilique de Fourvière. (Progrès illustré, 25/11/1894) […] Un de nos dessins représente les deux église, l’ancienne et la nouvelle, vue du fond de la place de Fourvière. De ce point, les deux monuments peuvent se décrire dans tous leurs détails. La base de l’ancienne chapelle, partie ancienne dont la forme générale n’a pas changée depuis 1540, fut agrandie en 1682, et depuis souvent remaniée jusqu’à la construction du clocher actuel. A droite, un escalier permet d’y monter jusqu’au pied de la statue de la Vierge. Inutile de dire que depuis la construction de la nouvelle église où l’on peut monter sur l’une des tours et rapprocher les objets à l’aide d’une puissante lunette, l’ascension du clocher de l’ancienne chapelle n’a pus aucun succès. […]

    La façade de la nouvelle basilique présente un portique encadré par deux tours polygonales. Ce portique est soutenu par d’élégantes colonnes en granit du lac Majeur, monolithes pesant chacune 16,000 kilogrammes. Les voussures sont encadrées par les ailes déployées, mesurant six mètres d’envergure, des quatre figures symboliques de la vision d’Ezéchiel : l’animal à tête d’homme, l’aigle, le taureau et le lion. Immédiatement au dessus se trouve la galerie des anges, au nombre de huit qui supportent le fronton, au milieu duquel, dans une tour crénelée, apparaît la Vierge sculptée en ronde bosse, encadrant cette niche ; à droite la figure de Saint-Michel planant au-dessus du Vœu de la guerre (1870), et à gauche, celle de l’archange saint Raphaël planant au-dessus du Vœu de la peste. La croix qui surmonte le pignon de cette façade est la dernière pierre qui a été posée, et ce le 2 juin 1884, alors que la dépense effectuée était de sept million de francs. […]

    Ne terminons pas la description de ce formidable monument sans parler de l’artiste original Pierre Bossan , qui l’a conçu, car le plus grand éloge qu’on pourrait en faire est de déclarer que nulle part il n’en est de semblable. L’œuvre de cet architecte, un Lyonnais, ne ressemble à rien qu’à lui-même ; elle est bien l’expression de ce double caractère qui fut d’abord un sensuel et un imaginatif et devint tout à coup un mystique convaincu. Le diable se faisant ermite. Aussi l’art chrétien et l’art païen se donnent-ils curieusement la main dans le temple que son imagination a crée. […]

    (Progrès illustré, 14 avril 1895)

    Le quartier Saint-Georges

    Á l’ouest de Lyon, entre la Saône et la colline de Fourvière se trouve le vieux quartier Saint-Georges.

    
				  (Le Quartier Saint-Georges. Vue du Quai Fulchiron et de l’Ancienne Commanderie. (Progrès illustré, 19/11/1893) Le quartier Saint-Georges forme un triangle très allongé. Il est borné au Nord par l’avenue de l’archevêché, à l’Est par la Saône, au sud par la Quarantaine, à l’Ouest par la rue Saint-Georges que dominent le Puys d’Ainay et la montée du Gourguillon qui serpente le long de la balme.

    (Progrès illustré, 19 novembre 1893)

    Plusieurs montées partent de Saint-Georges et gravissent la colline de Fourvière. Gustave Girrane a représenté la montée des Epies ( numéro du 15 octobre 1893).

    Montée des Epies

    
				  (La montée des Epies. (Progrès illustré, 19/11/1893) Quatre dessins représentant le chemin de Epies en montant et en descendant. Partant de l’impasse Bourdy il grimpe jusqu’au Gourguillon où il se termine par une longue rampe d’escaliers. Cette montée si rapide et pourtant si fréquentée est bordée de maisons aux terrasses branlantes d’où on a une vue superbe sur Lyon et bien au-delà.

    (Progrès illustré, 15 octobre 1893)

    
				  (La montée du Gourguillon. (Progrès illustré, 21/02/1892) La montée des Epies rejoint celle du Gourguillon, la plus ancienne et peut-être la plus célèbre du quartier ( numéro du 21 février 1892). Elle nous mène au célèbre quartier du Gourguillon décrit par Félix Desvernay comme un enchevêtrement inextricable des maisons qui s’étagent sur la colline, ces ruelles inexplicables, ces allées qui traboulent, ces couloirs sombres, ces escaliers tortueux ; tout cet assemblage bizarre fait de cette partie du quartier Saint-Georges un endroit prédestiné aux affaires mystérieuses et romanesques. Le journaliste poursuit sa description du quartier ainsi : […]C’est pourtant dans ce vieux quartier que l’industrie de la soie a pris son essor, c’est de ces maisons branlantes et sordides que les premières belles étoffes de soie sont sorties. Les derniers canuts ne sont cependant pas partis et on entend encore en maints endroits le tic-tac sonore des « battants ». […] Girrane reproduit dans le numéro du 10 septembre 1893 la vue des toits de Lyon que l’on peut apprécier des terrasses des maisons qui bordent la montée.

    
				  (Vue des toits de Lyon à partir de la montée du Gourguillon. (Progrès illustré, 10/09/1893) Vue panoramique de la partie septentrionale du quartier Saint-Georges, prise de la terrasse d’une maison n°20, montée du Gourguillon.

    A l’extrémité de cette terrasse, un arbre mort. Cette étroite esplanade est située du côté droit, en montant la vielle côte lyonnaise. Le long de ce couloir, un mur à arcades simulées dans lequel sont creusées pour ainsi dire des chambres humides et malsaines. La vue donne d’abord sur un toit qu’anime de sa grosse silhouette une cheminée avec ses crêtes de tôles et sa girouette rouillée. De là, le regard plonge dans la montée du Gourguillon, sorte d’abîme, d’où émergent les mansardes des maisons et quelques arbres dont les formes légères plaisent aux yeux. Au point de vue de l’art décoratif, ces mansardes sont d’un excellent effet. Elles atténuent la sécheresse des lignes des toits plats à tuiles rondes dont l’aspect laisse à dire.

    Voici, dans la même direction, les sinuosités pittoresque de la rue Ferrachat avec sa maison à fronton triangulaire qui, de loin, a l’aspect d’un temple grec, et cette autre maison avec ses deux pavillons à créneaux, style mauresque, construite par l’architecte Bossan.

    A gauche les maisons de la rue des Prêtres, de la place du Doyenne, de l’avenue de l’Archevêché et du quai Fulchiron. A remarquer une maison curieuse avec ses toits à deux pentes et ses trois cages d’escalier vitrées. Encore à gauche, fermant l’horizon, la cathédrale dans sa masse imposante. Enfin, la vue s’étend sur les principaux monuments de la ville : la Bourse, Saint-Pothin, Saint-Bonaventure, les Célestins, la nouvelle Préfecture, les dômes de l’Hôtel-Dieu, les cintres du Théâtre-Bellecour non encore démolis où doit s’installer l’imprimerie Delaroche ; tout à fait à droite, la place Bellecour avec ses façades.

    (Progrès illustré, 10 septembre 1893)

    
				  (La Place et l’église Saint-Georges. (Progrès illustré, 04/02/1894) Mais redescendons pour finir au cœur du quartier Saint-Georges. Flânons place Saint-Georges et découvrons la façade de l’église Saint-Georges dans le> numéro du 4 février 1894.

    Pour en savoir plus

    1. Arlaud, Chatherine, Betin, Dominique (dir.), De la rue impériale à la rue de la République. Archéologie, création et rénovation urbaines, Lyon, Archives municipales, 1991.
    2. Georgel, Chantal, La Rue, Paris, Hazan, 1986.
    3. Girrane, Gustave, Lyon autour de 1900 vécu par Girrane, Lyon, Les Éditions du Lyon, 1984.

    Pour citer cet article

    Référence électronique

    Hélène Lannier, La rue Lyonnaise illustrée par Giranne : transformations urbaines, numelyo [en ligne], mis en ligne le 2010-07-30T11:18:47.558Z, consulté le 2024-04-20 03:04:01. URL : https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:01DOC0014c52b5176e5bc

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