D’abord comédienne, l’Américaine Loïe Fuller s’initie à la danse et expérimente des chorégraphies basées sur des mouvements virevoltants de voiles et des jeux de lumière au début des années 1890. Affranchie de toute formation classique de danseuse, elle suscite la fascination du public européen dès 1892 grâce à une extraordinaire utilisation de la lumière sur fond noir, de couleurs variées, de costumes et mouvements inhabituels. Sa danse serpentine, celle du lys ou encore celle du feu mettent les formes courbes à l’honneur, évoquant aisément l’univers végétal du répertoire iconographique de l’Art nouveau alors triomphant. Pour la promotion de ses spectacles, de grands noms de la lithographie sont retenus pour concevoir des affiches insistant sur les innovations créées par la danseuse. Peintre, artiste décorateur et principal collaborateur de Sigfried Bing pour sa galerie l’Art nouveau - laquelle donne par ailleurs son nom au mouvement artistique - Georges de Feure commence à réaliser des lithographies et des affiches en 1892, au moment où Loïe Fuller entame une brillante carrière européenne. C’est assez naturellement que la danseuse avant-gardiste s’adresse à l’artiste pour son spectacle Salomé à la Comédie parisienne. Contrairement à Chéret qui parvient à rendre parfaitement les mouvements expressifs de la danseuse, de Feure la représente de manière assez statique. C’est sur la gamme des couleurs employées que préfère se concentrer l’artiste belge, évoquant les recherches d’effets de lumière de Loïe Fuller, et prouvant ainsi sa pleine maîtrise de l’art de la lithographie. Pas moins de six passages de couleurs ont en effet été nécessaire pour la réalisation de cette affiche.

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