[Cressonnière de Saint-Symphorien-d'Ozon (Rhône)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP06525 001
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
description Exploitation d'Albert Crépieux, cressiculteur bio, unique de son espèce sur toute la France, et Saint-Symphorinois de surcroît. Adresse de prise de vue : Albert Crépieux, chemin du Richardin, 69360 Saint-Symphorien-d'Ozon.
historique N'étaient les lotissements qui ont convoqué au chevet de leurs allées tout ce que la France compte de poètes et de variétés florales, la toponymie de Saint-Symphorien-d'Ozon raconte à n'en plus finir des histoires d'eau. Chemin des Fontaines, rue du Moulin, quartier des Marais : c'est toute une identité qui ruisselle, au figuré et parfois au propre. Lorsque le ciel tombe sur la tête des Lyonnais, les Saint-Symphorinois ont les pieds dans l'eau et ça ne date pas d'aujourd'hui. Il suffit d'observer comment les anciens ont bâti leurs demeures, sur des sortes de tumulus, pour comprendre, qu'en cas déluge, les derniers venus doivent s'initier aux joies de la serpillière. Pour remédier aux torrents anarchiques et autres coulées de boues, des travaux considérables ont donc été entrepris ces dernières années et, hormis les pluies dites "centennales", on pourrait parler d'une amélioration certaine. Cependant, il aura suffi d'un nouveau plan d'occupation des sols, pour que se réveille un réseau souterrain d'idées et de rivalités. Avec ses terres argileuses, ses eaux superficielles dévalant des neuf communes alentour jusqu'à buter sur un verrou rocheux et sa nappe phréatique à fleur de sols, le Val-d'Ozon se présente comme un entonnoir à débit lent dans ce paysage jusqu'alors adéquatement aquatique avait pris place, au début du XXe siècle, la plus forte concentration de cressonnières de la région et, aujourd'hui encore, Saint-Symphorien-d'Ozon reste l'une des plus importantes communes de France productrices de cresson. Un vieux village, de superbes bassins verdoyants, quelques extensions pavillonnaires... il fut un temps où "Saint-Sym, c'était le paradis". Et puis est venu le temps du n'importe quoi. Une zone industrielle ici, un peu de spéculation immobilière ailleurs et le tissu urbain de Saint-Symphorien a perdu tout caractère. Le passage de l'A46 à l'est n'a bien évidemment pas arrangé les choses. Mais, disent les anciens comme les nouveaux venus, "ce n'est pas parce qu'il y a eu des bêtises qu'il faut en faire de nouvelles". Les nouvelles "bêtises", en l'occurrence, c'est le président d'un des lotissements, urbaniste de profession, qui a décidé de les porter sur la place publique. Rémy Petiot multiplie les tracts, les lettres ouvertes et ne désespère pas de fonder une association destinée à résister au plan d'occupation des sols (POS) mis, depuis peu, à l'enquête publique. Ce qu'il reproche au plan concocté "sans concertation aucune entre 1989 et aujourd'hui", tient en trois points majeurs : la fin des coupures vertes entre les communes, un mitage industriel accentué et un développement en linéaire des fonctions commerciales. [...] Raymond Béal, maire de Saint-Symphorien, développe comme on s'en doute un tout autre raisonnement et pense, surtout, que la campagne des municipales vient de débuter avec le POS pour prétexte. [...] Quant aux nouveaux risques d'inondations, Raymond Béal les balaye d'un seul coup de bassins de rétention. Ils seront quatre, paraît-il, sur une surface de huit hectares, et permettront de jouer en douceur sur les eaux. Les experts ont promis que l'installation serait sans danger pour la nappe phréatique, "vous ne croyez pas qu'on va détruire tout le travail fait précédemment. Deux cressiculteurs, et non des moindres, figurent au conseil municipal, eux non plus n'ont pas envie de saccager l'environnement". Marcel Berthollier qui est l'un des deux adjoints cités, confirme. Il pense, de plus, que l'intercommunalité devrait également jouer pour ce qui est des bassins de rétention, il dit aussi que de remembrements en lotissements, de curages de fossés en arrachages de haies, les eaux de pluie débaroulent comme jamais auparavant. [...] Et il leur arrive de faire de tels dégâts que le grand hôtel de Saint-Symphorien-d'Ozon se nomme... la Bérézina. [...] Albert Crépieux n'appartient pas au conseil municipal, il n'en est pas moins cressiculteur et qui plus est cressiculteur bio. Autant dire unique de son espèce sur la France entière. Cernés, ici par le centre culturel, là par un parking, ses bassins gorgés de verdure ont résisté et son jardin de plantes médicinales fournit les laboratoires Boiron en coloquintes, calendula ou capucines. Avec Josette son épouse, Jean-Pierre, leur fils, il veut simplement qu'on lui permette de poursuivre son activité dans un décor qu'on cesserait de massacrer. Défenseur d'une agriculture attentive, cultivateur d'eau douce, il travaille ses plants sur la nappe phréatique et sur des pentes de 2 à 5 millimètres au mètre. C'est donc avec effarement qu'il observe la violence des eaux d'écoulement, violence qu'il attribue à l'inattention grandissante des hommes. A cet adepte des solutions naturelles, on ne fera jamais croire qu'un bassin de rétention est la plus pertinente des idées. "La vraie pollution, dit-il, c'est l'argent" et contre ce mal-là, le nasturtium officinale, le cresson, ne peut pas grand-chose. Source : "De l'eau dans le cresson" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 21 janvier 1994, p.1 et 4.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 23 négatifs.

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