[Gilles Chavassieux, directeur du Théâtre des Ateliers]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0919 FIGRP03124 004
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historique Sans se départir de la courtoisie et de la bienveillance qui lui sont familières, Gilles Chavassieux ose un froncement de sourcils. C'est dire, qu'au théâtre des Ateliers la situation est grave. Trois cent mille francs, promis par la Ville de Lyon mais dont le théâtre n'a jamais vu la couleur, mettent en péril la survie de l'établissement ou plus exactement sa raison d'être : la création. Au terme d'espoirs longuement entretenus et désormais déçus, Gilles Chavassieux lance son public dans la bataille, diffuse des pétitions et tenait le 13 décembre 1990 une conférence de presse pour dire l'impasse dans laquelle on le conduit. Presqu'une première dans l'histoire sans faille et sans vague du théâtre de la rue du Petit-David. Pour être toute nouvelle aux Ateliers, la polémique qui s'ouvre n'est cependant pas la première de la saison. Lorsqu'a été officialisée l'absence de budget supplémentaire, il s'est trouvé des directeurs culturels pour tempêter et réclamer que les promesses faites soient tenues. En première ligne : Jean-Louis Martinelli pour le théâtre de Lyon, qui a obtenu gain de cause. Le Théâtre des jeunes années, Guignol puis l'Institut-Lumière connaitront bonheurs identiques, hors budget supplémentaire. Puisque la Commission des Affaires culturelles trouvait des solutions pour ses confrères, le directeur des Ateliers avait lui fait le choix du silence et de la confiance. Rapports amicaux, rencontres chaleureuses : tout lui laissait à penser qu'il n'était pas nécessaire de récriminer. D'autant qu'en pleine Biennale de la Danse, devant un aréopage de journalistes internationaux, Michel Noir illustrait sa démonstration culturelle d'un seul exemple théâtral, les Ateliers. Chavassieux pouvait dormir tranquille. Il avait eu bien raison d'ouvrir en 1988 une deuxième salle ; la Ville, c'était certain, allait prendre en compte comme tous les autres pouvoirs publics cette augmentation d'activité... Le sursaut s'est produit pour lui le 11 décembre. Dans les bureaux de Jacques Oudot, adjoint à la Culture, il lui a été nettement conseillé de fermer sa petite salle et d'en faire moins. Argumentation pour le moins tendancieuse quand on sait que les subventions sont refusées à d'autres parce qu'ils n'en font pas assez. Le théâtre des Ateliers en est donc réduit à aligner ses excellents résultats et à réaffirmer des ambitions que nul ne lui conteste : "Un théâtre au coeur de Lyon, avec deux salles pour la création d'auteurs contemporains, français et étrangers, pour des séries importantes de représentations, des lectures et des stages". Or, pour cette action culturelle là, pour les 20.000 spectateurs annuels des Ateliers, pour un établissement qui occupe un superbe espace privé et qui a à l'assumer, pour une masse salariale qui retombe largement sur Lyon, la Ville consent une aide qui dépasse à peine les 10% du budget global du théâtre. Résultats des courses : trois licenciements. Après quoi, c'est dans la programmation qu'il faudra trancher et donc toucher à cette image vivante et innovatrice de la Ville dont Michel Noir s'enorgueillissait il y a peu. "Je veux savoir comment nous sommes estimés, en termes clairs", demande Gilles Chavassieux. "C'est une bonne question", répondrait un homme politique qui chercherait la réponse. On espère qu'elle sera aussi bonne que la question. Source : "Le jour où Chavassieux s'est rebiffé" / S.B. [Sophie Bloch] in Lyon Figaro, 14 décembre 1990, p.37.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 19 négatifs.

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