[Bâtiment de l'émetteur de Radio-Lyon à Dardilly]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPT2905 04
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
historique On parlait patois lyonnais pour le plaisir des plus vieux auditeurs. Quatre fois par semaine, à 19 heures 45, l'orchestre donnait un quart d'heure de concert. C'était au milieu de années vingt, c'était l'époque des balbutiements de la radiodiffusion. Radio Lyon était alors installée dans le quartier de la Guillotière. La voix des ondes plaît, la radio est de plus en plus écoutée. Et pourtant, déjà, l'autorisation de passer de la publicité à l'antenne est le seul moyen de vivre, de survivre dans une économie française qui se prépare à adoucir la claque du crack boursier de 1929. En 1928, quatre ans après sa création, Radio Lyon est autorisée pour faire la réclame de certains produits. Mais il est trop tard, la radio est en vente. C'est Pierre Laval, député-maire d'Aubervilliers, qui la rachète. En 1933, le futur bras droit du Pétain vichyssois est ministre du Travail. Il obtient facilement de transférer l'émetteur de Radio Lyon sur un terrain de deux hectares situé à l'extérieur de Lyon, à Dardilly. Architecturalement, nous sommes au coeur des grandes verticales de l'Art Déco, de la sobriété imposante. C'est un architecte lyonnais, Deveraux, qui se charge de construire le nouveau bâtiment et les installations qui vont avec. En octobre 1935, après seulement sept mois de chantier, la nouvelle station est terminée. Sept mois c'est peu pour l'un des équipements les plus modernes de ce temps. Le bâtiment principal, celui qui abrite l'émetteur, est comme un vaisseau d'extra-terrestres avec ses deux énormes piliers en béton qui cernent l'entrée au-dessus des marches. La beauté de l'édifice réside en ses lignes claires, jamais brisées par quelques détails de vantardises architecturales. L'oeuvre de Deveraux est bien celle de la sobriété au service du contenu. Au rez-de-chaussée étaient installés les groupes de convertisseurs rotatifs pour l'alimentation en électricité et les réservoir d'eau distillée pour refroidir les lampes de puissance. A l'étage, après les deux piliers, se trouvaient le studio proprement dit et tout ses équipements en pupitre et autres commande d'amplification. Vingt cinq kilowatt, c'était le maximum que pouvait développer cette radio. L'architecture, rare dans le paysage lyonnais, et surtout l'immense antenne de cent trente cinq mètres qui faisait face à l'entrée monumentale, ont été pendant plusieurs années les chouchous de la population en promenade dominicale. Radio Lyon marche fort. Tellement fort que les journaux locaux commencent en 1937 à lui reprocher ses revenus publicitaires et sa concurrence au niveau de l'information. En 1938, elle doit freiner sa structure informative. En 1939, le gouvernement l'oblige, comme toutes ses consoeurs, à faire de la propagande. Elle est très vite surnommée Radio-Laval quand son propriétaire devient ministre d'état du gouvernement de Vichy. C'est Madame Deloche, historienne, qui nous rapporte tous ces faits d'une époque soudain grise dans le ciel des ondes lyonnaises. Elle nous apprend, pour finir, qu' "à la date du 4 septembre 1944, relatif à la suppression de toute émission privée radiophonique, (...) le matériel et les locaux de la société privée d'émission Radio Lyon sont réquisitionnés". Depuis, le beau bâtiment n'a plus jamais servi. Il appartient toujours à la famille de Laval, au Comte de Chambrun. Il est désolé avec les vitres cassées de ses grandes baies qui furent de couleur bleu aluminium pendant longtemps. A l'époque, où les lettres argent entourées de rouge sur fond ocre marquaient Radio-Lyon sur l'un de ses longs côtés. Source : "L'émetteur de radio Lyon à Dardilly" in Lyon Figaro, 16 juin 1987, p.7.
note bibliographique Histoire de la radio en France / René Duval, 1979, p.[150]-158 [BM Lyon, K 67131]. - "Un grand poste vient de naître" / Robert de Fragny in Le Nouvelliste de Lyon, 4 juillet 1935. - Lyon républicain et Le Nouvelliste de Lyon, 6 octobre 1935. - "La nouvelle station de Radio-Lyon" in Le Salut Public, 8 octobre 1935. - "Le Nouvel émetteur de Radio-Lyon" / R. Berthillier in La Vie lyonnaise, no.778, 5 octobre 1935, p.7-9 [BM Lyon, 950559]. - "Les radios libres hier : le cas de Radio-Lyon" / Caroline Mauriat in L'Histoire, no.45, mai 1982, p.[92]-95 [BM Lyon, 953338]. - "Radio-Lyon", lettre d'Adolphe Anglade, directeur de Radio-Lyon, 3 mai 1948 repr. in La Vie de la France sous l'Occupation / [publ. par l'] Institut Hoover, Stanford University California, 1957, vol. III (1940-1944), document no.56, p.1187-1189 [BM Lyon, K 51627-T.03]. - Base Mérimée (réf. PA00118105).

Retour