[Démolition du théâtre de l'Eldorado]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP05940 003
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historique Quelques semaines après l'ouverture de l'exposition universelle du parc de la Tête-d'Or, le 29 avril 1895, la commune de la Guillotière s'apprête à accueillir sa salle de spectacle. L'Eldorado ouvre ses portes le 15 juin sur les terrains d'une ancienne brasserie du cours Gambetta. La façade de l'établissement s'ouvre alors au cours par trois portes et est surmontée au premier étage d'une grande baie entourée de deux fenêtres latérales. La scène est large et profonde et est éclairée par la nouvelle fée électricité. Le jour de la première, quelques pensionnaires du Moulin Rouge ont même fait le déplacement de la capitale, histoire de placer le lieu sous les meilleurs hospices à coups de cancan effréné. Les revues s'enchaînent, les directeurs se succèdent, et l'Eldorado continue d'attirer les foules en accueillant pour les débuts des futurs grands du music-hall dont une certaine Mistinguett. Devenu Le nouveau théâtre au début du siècle, l'endroit se tourne alors vers le mélodrame, la comédie et l'opérette. Le public populaire de la Guille y trouve son compte, mais aussi celui de la Presqu'île qui ne craint plus de traverser le Rhône pour assister au spectacle. Entre un changement de nom et l'arrivée de la guerre, la salle enchaîne les genres et continue à accueillir les plus grands de l'époque, Madeleine Renaud et Pierre Brasseur entre autres vedettes. Mais dès 1905 l'espace du cours Gambetta s'est ouvert au cinéma. Le nouveau né est dans la place et n'en sortira pas de sitôt. En novembre 1929, l'Eldorado affiche "Le train fantôme", son dernier spectacle. Le cinéma parlant s'y installe définitivement un mois plus tard. Mais le système d'entractes en place à cette époque permet à certains artistes, comme Tino Rossi, de s'y produire. Le cinéma fonctionne jusqu'en 1976 dans ce coin-là du cours Gambetta. En 1977, le metteur en scène Bruno Boëglin s'y installe avec sa troupe jusqu'en 1986. En 1982, le bâtiment est inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Une dérogation du ministre de la culture remet cependant en cause la loi de protection du bâtiment : le théâtre est démoli en 1993 et radié des Monuments historiques en 2010. Les pelleteuses ont détruit à jamais cette institution de la rive gauche du Rhône qui n'a jamais vraiment été remplacée. Avant le début de la démolition ont été prélevés les éléments du décor encore inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, éléments qui doivent être réemployés dans l'atrium du nouvel immeuble construit sur une parcelle à proximité.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 19 négatifs.
note bibliographique "Eldorado, dernière..." in Lyon Figaro, 11 mars 1993, p.1. - Les cinémas de Lyon, 1895-1995, catal. expo. organisée par les Archives municipales de Lyon, Palais Saint-Jean, 1er juin-31 juillet 1995. - "Feu l'Eldorado" / Georges Bazin in Rive gauche, no.128, mars 1994, p.3-8.

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